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19/09/2011

Méthodologie de la colle

[N.B. : Cette méthodologie est celle que je prescris aux étudiants que je martyrise; d'autres professeurs formulent, à propos de certains aspects, des exigences un peu différentes. Renseignez-vous ...]s'écarte sur quelques points

G. Barthèlemy

Lettres-Philosophie

 

 

METHODOLOGIE DE LA COLLE

 

 

            Proposer une méthodologie de la colle de Lettres-Philo en Math sup – Math spé, c’est se heurter à deux problèmes : la diversité des oraux dans les (quelques) Grandes Ecoles qui en infligent dans cette discipline aux candidats, et l’existence de consignes relativement divergentes dans les documents qui prétendent préciser les modalités de l’exercice. Cette fiche ne peut donc prétendre faire mieux qu’indiquer quelques principes consensuels et définir les règles au regard desquelles votre travail sera évalué. L’exercice, tel qu’il est défini ci-dessous, est destiné à vous offrir un entraînement à l’oral et à vous permettre soit d’approfondir le travail sur le thème au programme, soit d’esquisser une réflexion formalisée sur divers sujets offrant une certaine consistance intellectuelle. Il vous appartient par ailleurs  d’aller voir sur le site des Ecoles dont vous préparez le concours d’entrée quelles sont les modalités spécifiques d’un éventuel oral de Lettres-Philo, auquel bien entendu vous pourrez être préparés spécifiquement, à la demande et à la carte.

 

                        Support, définition et déroulement de l’épreuve

 

            Le support de l’épreuve est un texte qui évoque une question d’ordre philosophique, historique, sociologique ou culturel digne d’intérêt et à laquelle on peut trouver un certain nombre de résonances dans notre monde. Il peut relever de la littérature, de la philosophie, des sciences humaines ou du journalisme (grande presse nationale).

            La  première partie de l’épreuve est ce que nous appellerons l’analyse. On pourrait dire pour simplifier que votre but doit être ici de montrer que vous avez compris le texte et que vous êtes capable d’exposer la stratégie argumentative à laquelle il obéit. Pour ce faire, vous devez fournir une introduction dans laquelle vous le mettrez en perspective de trois points de vue différents : en le situant dans son contexte historique et culturel (vous vous aiderez pour cela du paratexte : titre, date de publication), en indiquant à quel grand problème ou quelle grande problématique il se réfère, et en indiquant en une phrase son sommaire (reconnaissons que le second et le troisième point se confondent parfois).

            Le second temps est la lecture, qui est prise en compte dans la notation. Rappelons que les candidats ne savent généralement pas lire, c’est-à-dire donner à comprendre le texte par sa simple lecture ; bien souvent au contraire, l’indifférence à la ponctuation, un ton monocorde (qui montre que le candidat pense qu’on lui demande seulement de déchiffrer des mots sur le papier) obscurcissent fâcheusement la perception du texte et laissent penser que celui-ci n’a pas été compris.

            Le troisième temps est l’analyse au sens étroit du terme. Vous indiquerez d’abord la composition du texte, ce qui consiste à repérer les grandes étapes de son déroulement ; vous fournissez ainsi un premier point de repère et ébauchez le commentaire de son organisation. Ce découpage ne doit pas être trop morcelé (pas plus de quatre parties), sous peine de rendre imperceptibles les grandes lignes de cette organisation. Ensuite, vous procéderez de préférence de manière synthétique, et commenterez les grands axes de la construction argumentative du texte, en les classant, naturellement, de manière logique. Vous serez conduits à repérer un certain nombre d’énoncés cardinaux, qu’il faudra parfois élucider (ceci vous sera d’ailleurs parfois demandé explicitement par un libellé qui vous désignera un ou deux énoncés dont il faudra expliquer le sens, littéralement et en contexte). Comme il convient de vous intéresser également au ton du texte, vous commenterez au passage divers procédés, diverses composantes lexicales et stylistiques qui vous permettront d’étayer vos dires en la matière. Il n’est pas impossible de procéder de manière linéraire, un peu comme pour le résumé ; évitez dans ce cas-là de laisser penser que vous êtes incapable de faire mieux que de repérer successivement différents points et montrez (c’est un impératif absolu) comment s’effectue, d’un point de vue logique, l’enchaînement argumentatif et démonstratif dans le texte. Quelle que soit la technique (synthétique ou linéaire) choisie, vous l’indiquerez au correcteur au moment où vous commencerez l’analyse, et vous vous souviendrez qu’analyser le montage logique d’un texte, c’est en repérer de ce point de vue les lacunes, les incohérences, autant que les éléments les plus convaincants – soulignez donc les uns et les autres.

            Le dernier temps consiste bien sûr en une conclusion, dans laquelle vous récapitulerez les acquis principaux de l’analyse, avant de les synthétiser brièvement.

            Tout ceci doit se faire en dix minutes.

 

            La deuxième partie de l’exercice est consacrée à un commentaire. En partant d’un point du texte que vous rappellerez (ce sera éventuellement parfois un énoncé parfaitement repérable), vous élaborerez une mini-dissertation dans laquelle, s’il s’agit d’un texte qui porte sur la question au programme, vous montrerez en quoi il s’agit là d’un point de vue, d’une perspective, d’une approche, etc., qui enrichit ou au contraire « rate » la question au programme, ou bien, s’il s’agit d’ un texte qui traite d’un autre sujet, vous proposerez une  réflexion personnelle (en accord ou en désaccord avec les propos de l’auteur, peu importe). Vous vous appuierez donc sur le texte, mais aussi sur les éléments de problématique fournis par le cours, et sur votre culture personnelle (culture littéraire, philosophique, historique, connaissance du monde contemporain), dans laquelle vous puiserez notamment des exemples. Vous savez tous comment on organise une dissertation ; rappelons néanmoins les règles élémentaires de l’exercice, telles qu’elles seront appliquées ici : dans une introduction, vous indiquerez le point que vous allez traiter et les temps (de préférence trois) de la démonstration ; celle-ci sera menée logiquement, à travers l’enchaînement méthodique d’arguments ; vous pourrez vous référer au texte bien sûr, mais l’essentiel est de montrer que vous êtes capable de proposer un raisonnement élaboré avec vos propres connaissances et de votre propre point de vue (ce qui n’implique pas que vous disiez « Moi, je » ; rappelez-vous que quand un post-lycéen dit « je pense que », il intervient généralement sur le mode éruptif pour dire quelque chose qu’il n’a surtout pas pensé mais que, pour une raison ou une autre, indépendamment de toute exigence d’examen rationnel, il souhaite dire – ce qui n’est pas une bonne méthode). Vient enfin la conclusion, dans laquelle vous procédez selon la règle déjà énoncée supra.

            Le tout dure en principe dix minutes.

 

            Le troisième temps de l’épreuve lors des oraux de concours est un entretien ; le jury vous demandera de revenir sur tel ou tel point de votre prestation pour préciser, développer, nuancer ou éventuellement réfuter ce que vous avez dit. Vous devez faire preuve ici d’une forme de disponibilité intellectuelle, qui consiste à prendre en compte le point de vue que vous soumet votre introducteur, à entrer avec lui dans une discussion qui doit toujours être rationnelle, raisonnable en tout cas (et courtoise, cela va sans dire), et dans laquelle il est entendu que l’on débat entre gens curieux et bien élevés d’un problème qui est lui-même consistant, intéressant, et que l’on est heureux de le faire, ce qui n’interdit pas l’affrontement intellectuel ou les positions divergentes. Soyez de bonne foi, ne compensez pas la faiblesse d’un argument par une démonstration d’agressivité, argumentez, discutez.

 

                        Les principes d’évaluation du candidat.

 

            L’exemple d’une grille de notation vous fournira un premier point de repère :

                        - 4 points pour la lecture et la compréhension du texte.

                        - 4 points pour sa présentation : contexte historique, « idée générale » (disons plutôt : propos d’ensemble), composition, repérage et exposé de la stratégie argumentative.

                        - 2 points pour l’explication d’un mot ou d’un énoncé (en l’absence d’une question de vocabulaire, les deux points seront affectés aux deux rubriques ci-dessus).

                        - 10 points pour la deuxième partie de l’épreuve.

                         

 

                        Les qualités dont vous devez faire preuve sont celles en principe déjà exigibles dans le secondaire :

-          Maîtrise de la langue : votre vocabulaire doit être suffisamment riche pour vous permettre de comprendre les textes et d’en rendre compte. Vous devez épurer votre langage de tous les pantonymes (« gérer »), les tics ineptes (« souci » pour « problème »), les béquilles barbares (« par rapport à ») qui défigurent le langage, le mécanisent, et vous interdisent d’élaborer une pensée claire, précise, de vous exprimer dans les  termes adéquats (je ne parle pas seulement de correction grammaticale, mais de précision dans l’expression et donc dans l’analyse, donc dans la pensée).

-          Capacité à élaborer un raisonnement « réglé » et à analyser un raisonnement auquel on est confronté.

-          Maîtrise d’une culture, scolaire et personnelle, dont le candidat doit montrer qu’il sait qu’elle n’est pas de l’ordre de la décoration, de l’obligation scolaire  ou de la superficialité mondaine, mais qu’elle tient à une certaine conception de l’individu et de ses relations avec le monde qui l’entoure.

-          Capacité à exposer à autrui une démarche intellectuelle, un texte, dans le cadre d’une relation très formalisée, correspondant à une situation institutionnelle très spécifique, qui ne bannit pas pour autant l’élément humain. Vous expliquez quelque chose à quelqu’un, ce qui implique que vous regardiez cette ou ces personnes, que vous lui / leur parliez de manière intelligible (à voix haute, en articulant) au lieu de débiter d’un ton morne et absent un laïus entièrement rédigé, de l’air indifférent et boudeur de l’enfant puni, ou de l’air contraint de celui qui, par timidité ou par mauvaise volonté, refuse de se plier aux règles de l’exercice. Rappelez-vous qu’il n’est pas interdit d’être timide, mais que vous devez faire en sorte que cette timidité ne perturbe pas le déroulement de l’épreuve. Une touche d’humour, de distance intellectuelle, sont toujours bienvenues, mais toute forme d’insolence, de mégalomanie, d’agressivité, de désinvolture, est rédhibitoire. Pensez que le caractère formel de l’exercice implique une certaine tenue physique, je veux dire proscrit certaines postures corporelles : pied sur la chaise, menton sur la table, jambes projetées loin devant, bras rejetés derrière le dossier ; idem pour diverses attitudes : « jambe à ressort », mastication de chewing-gum, manifestations indiscrètes d’un certain rapport à son propre corps (grattage intensif du cuir chevelu, caresse répétitive du visage),  à ses vêtements (tripotage compulsif d’une fermeture-éclair, d’une frange), à son matériel (manipulation frénétique de stylo, de trombones, etc.).

 

L’ensemble des critères mentionnés ci-dessus valent pour les épreuves orales de type différent.

 

Le temps de préparation de la colle est, selon les cas, d’une heure ou d’une demi-heure en première année, et impérativement  d’une demi-heure en deuxième année.

 

            En route vers l’avenir.  

           

06/09/2011

Méthodologie : le résumé ou contraction de texte (Document mis en ligne sur ce blog avec l’autorisation de son auteur, Gilles Negrello, professeur en hypokhâgne et en math spé au Lycée Champollion de Grenoble. Merci de ne pas le diffuser)

 

Méthodologie : le résumé ou contraction de texte

(Document mis en ligne sur ce blog avec l’autorisation de son auteur, Gilles Negrello, professeur en hypokhâgne et en math spé au Lycée Champollion de Grenoble. Merci de ne pas le diffuser)

 

 

Première partie : présentation du résumé

 

1. Définition

Le résumé consiste à réécrire un texte plus brièvement, en respectant un nombre imposé de mots, tout en retenant les informations essentielles.

2. Intérêt de l’exercice

 

* Du point de vue des compétences :

Le résumé répond à des besoins pratiques : lors des études et dans la vie professionnelle, toute recherche documentaire passe par un travail de résumé, nécessaire pour conserver une trace écrite (fiches) des documents consultés.

* Du point de vue de l’apprentissage :

Le résumé est un exercice formateur. Il apprend à analyser un texte pour le comprendre puis le reformuler. Cela développe les capacités de lecture et de rédaction, en obligeant à respecter une exigence de rigueur.

* Du point de vue de l’évaluation :

Le résumé constitue un test

- de culture générale : il est impossible de résumer correctement un texte si l’on est pas un peu au courant du thème traité dans ce texte ;

- d’intelligence : le résumé exige une bonne compréhension du texte (pour éviter les contresens), de la logique et de l’objectivité (pour respecter la pensée d’autrui sans l’interpréter) ;

- d’expression : une syntaxe claire et rigoureuse, un vocabulaire riche et précis (en particulier le vocabulaire abstrait) sont nécessaires pour reformuler des idées en les condensant.

 

3. Règles du résumé

 

* Suivre l’ordre du texte d’origine

Il faut respecter le mouvement du raisonnement, la succession des idées. Attention : cela ne signifie pas qu’il faille réduire tous les paragraphes dans les mêmes proportions ; certains paragraphes peuvent être sans grand intérêt. C’est la suite des idées principales qui doit être rendue.

 

* Conserver le même système d’énonciation

Le résumé utilise les mêmes pronoms et les mêmes temps verbaux que le texte d’origine. Par exemple, si le texte d’origine utilise la première personne du singulier (je) et le présent de l’indicatif, le résumé fera de même.  Il ne faut pas prendre de distance par rapport au texte ; sont donc exclues les formules du type : « Selon l’auteur… » ou « L’auteur dit que… ».

 

*Reformuler le texte

Il faut absolument éviter de faire un assemblage de citations. Le rédacteur du résumé doit utiliser son propre vocabulaire. Cependant, pour les mots-clés, il est inutile de chercher des équivalents approximatifs qui conduiraient à gauchir le texte.

 

* Respecter le nombre de mots imparti

Il faut faire figurer à la fin du résumé le nombre exact de mots utilisés (ce total sera vérifié et toute erreur sévèrement sanctionnée).

On dispose d’une marge de plus ou moins 10 %. Par exemple, pour un résumé demandé en 220 mots, +/- 10 %, on peut utiliser entre 198 et 242 mots.

Pour faciliter le recomptage, on place une barre tous les 10 mots.

 

Comment compter les mots ?

La règle de base pour le résumé repose sur une définition visuelle : un mot est une unité typographique isolée par deux blancs. Exemple : Jean de La Fontaine = 4 mots ; Charles de Gaulle = 3 mots. Tous les « petits mots » (articles, conjonctions, pronoms) comptent pour un mot.

Cas particuliers :

Les dates comptent pour un mot (ex : 1789 = 1 mot).

Les pourcentages comptent pour un mot (ex : 50 % = 2 mots).

Les sigles comptent pour un mot (ex : SNCF = 1 mot)

Les mots composés : on considère que le tiret sépare deux mots au même titre qu’un espace. Exemples : c’est-à-dire = 4 mots, après-midi = 2 mots, chou-fleur = 2 mots.

Mais aujourd’hui = 1 mot ; socio-économique = 1 mot, puisque les deux unités typographiques n’ont pas de sens à elles seules.

a-t-il = 2 mots (car t n’a pas une signification propre).

 

* Mentionner les références du texte

À la fin du résumé, indiquer l’auteur et la source (journal, revue, ouvrage…) du texte. Ces indications n’entrent pas dans le décompte des mots.

 

4. Préparation de l’exercice

 

Il faut allier une préparation générale, consistant en lectures diversifiées (en particulier de la presse) et en prise de notes sur des livres, et une préparation pratique consistant tout simplement à s’entraîner au résumé.

 

Deuxième partie : Méthode

 

Schéma de la méthode

I. Phase d’analyse

          A. Première lecture

          B. Explication préalable du texte

          1. Au niveau du paragraphe

          2. Au niveau de l’ensemble du texte

II. Phase de synthèse

          C. Établissement du plan du texte et de celui du résumé

          D. Rédaction du résumé

          E. Présentation, écriture, révision

 

Présentation détaillée des différentes étapes :

 

I. Analyse

Cette première phase du travail peut être réalisée directement sur la photocopie, en portant des annotations sur le texte et dans ses marges : soulignement à l’aide de différentes couleurs, phrases en style télégraphique, symboles de relations logiques.

 

A. La première lecture

 

1. Observation des références du texte

Avant de commencer à lire le texte, il faut examiner les références qui l’accompagnent : nom de l’auteur, titre du livre d’où il est extrait, date de publication. Même si l’on ignore qui est l’auteur, ces indications donnent une première idée sur la nature et le sujet du texte, éventuellement sur son orientation idéologique.

2. Première lecture

Il faut ensuite déterminer rapidement le domaine de connaissance dont relève le texte (histoire, sociologie, philosophie, critique littéraire…), être attentif aux noms propres, aux titres d’œuvres et aux dates citées dans le texte.

3. Bilan de cette 1ère approche

Après la première lecture, pour faire un premier bilan, on peut noter rapidement :

- le thème du texte,

- la thèse défendue par l’auteur.

 

B. L’explication préalable du texte

 

1. Au niveau du paragraphe

Commencer par numéroter les paragraphes.

La véritable unité de pensée d’un texte est le paragraphe, non la phrase. Un paragraphe bien structuré est construit comme une dissertation en raccourci : énoncé du sujet / argument / exemple / formule conclusive. Même lorsque la structure est plus souple, chaque paragraphe contient en principe une idée centrale et la division en paragraphes correspond au plan du texte.

Travail à l’intérieur de chaque paragraphe :

a) Souligner les mots-clés, les expressions-clés, voire les phrases clés (les passages soulignés doivent être courts).

Pour les repérer, deux indications :

- ils sont souvent en position grammaticale de régime (complément d’objet ou attribut du sujet) ;

- ils sont souvent organisés en séries complémentaires ou en paires opposées.

b) Encadrer les articulations logiques et rétablir celles qui sont seulement suggérées (en effet, donc, c’est pourquoi, en revanche, d’abord, ensuite, enfin…)

c) Retrouver l’unité du paragraphe et l’énoncer sous forme d’une proposition (« phrase-étiquette »). À ce stade, on peut utiliser des symboles (=    //  →).

 

2. Au niveau de l’ensemble du texte

 

Repérer les paragraphes d’introduction, de conclusion, de transition.

Rassembler les paragraphes qui se rattachent à la même idée, par exemple, associer un paragraphe d’exemples à l’idée que ces exemples illustrent.

Lors de ce rapprochement entre les paragraphes, il faut être attentif :

- aux répétitions (relier par un trait les passages qui concernent le même sujet) ;

- aux digressions (se demander si un passage qui s’éloigne du thème principal est important ou non) ;

- aux exemples. A ce propos, notez qu’il importe de distinguer ceux qui n’ont qu’un rôle d’illustration de ceux qui font progresser le raisonnement. On conserve les seconds, on supprime les premiers, qui ont seuls véritablement le statut d’exemple, que l’on peut en principe définir ainsi : un exemple est illustratif (il offre une illustration d’un raisonnement général), partiel (ce n’est qu’une illustration), substituable (une autre illustration aurait aussi bien fait l’affaire), arbitraire (on a choisi cette illustration, on aurait pu en choisir une autre). Il ne faut donc pas confondre l’exemple avec le « cas » qu’un texte s’applique à traiter parce que c’est la substance de ce cas qui intéresse l’auteur.    

 

 

II. Synthèse

 

Cette deuxième phase du travail se fait en écrivant au brouillon. Numérotez les feuilles que vous utilisez et n’écrivez qu’au recto, pour avoir tout sous les yeux.

 

C. Établissement du plan du texte et de celui du résumé

 

L’important, pour établir le plan d’un texte, n’est pas de le diviser en sections successives, mais de faire apparaître les hiérarchies et les enchaînements d’idées.

Dans un premier temps, il faut établir un plan très détaillé (parties, sous-parties, sous-sous-parties…). On marque la hiérarchie de ces sous-ensembles par des chiffres et des lettres[1] :

I.

A.

1°)

a)

Ce n’est qu’ensuite qu’on regarde ce qui devra être éliminé pour le résumé.

Il est obligatoire de conserver globalement le plan du texte dans le résumé, même si quelques changements de détail sont possibles pour clarifier et simplifier sa structure.

 

D. Rédaction du résumé

 

On fait une première rédaction au brouillon avant de recopier au propre. Au brouillon, il faut toujours prévoir de grandes marges et des interlignes aérés pour faire des corrections et des réajustements.

Pour le comptage des mots, une méthode simple : numéroter les lignes et écrire 10 mots par lignes.

Lors du premier jet, il vaut mieux faire trop long que trop court, car il est plus facile d’éliminer certains éléments que d’en rechercher après coup pour grossir l’ensemble.

Lors de la rédaction, il faut veiller à :

- trouver des formules personnelles en cherchant des synonymes ;

- mettre en valeur la progression du raisonnement en insistant sur les articulations logiques ;

- respecter l’équilibre du texte en accordant à chaque partie du raisonnement la place qui lui convient, sans en développer une au détriment des autres.

 

E. Présentation, écriture, révision

 

L’apparence visuelle du travail est déterminante : soignez la calligraphie ; ne collez pas les mots les uns aux autres, et inversement ne laissez pas d’espaces entre les lettres qui composent un mot, dans la mesure du possible, évitez les ratures ; si vous effectuez a posteriori une correction (qu’il s’agisse d’une faute ou d’un oubli), faites-le proprement, clairement, sans compromettre la lisibilité de votre copie.  Après avoir écrit le résumé au propre, le relire pour vérifier l’orthographe et la ponctuation.

 

Gilles Negrello

 

 

            QUELQUES AJOUTS EN VRAC

 

- Un truc idiot (mais pas inutile) : la posture de l’étudiant qui élabore un résumé est celle du chef de cabinet à qui son ministre demande de réduire une étude de 200 pages à 20, parce qu’il est pressé mais qu’il doit prendre une décision au regard du contenu de l’étude en question. Faut-il accorder 1 million d’euros de subvention à tel projet dont le promoteur prétend qu’il en rapporterait 5 ? Le chef de cabinet doit donc réduire le texte sans le déformer, sachant que le ministre ne veut pas être obligé de se reporter à l’original pour éclaircir tel ou tel point. (NB : si le projet est adopté et ne rapporte rien, le chef de cabinet sera viré, naturellement).

- Le résumé doit être « organique » : il doit ressembler à un texte, pas à la juxtaposition d’énoncés. Traduisons : le résumé obéit à la règle habituelle de composition des paragraphes, lesquels constituent des unités logiques et ont donc une certaine longueur. Lorsque le correcteur voit un résumé composé d’une suite de « paragraphes » d’une ligne, il sait que le gentil candidat n’a pas réussi à élaborer quelque chose de cohérent, ce qui signifie bien souvent qu’il n’a pas compris la cohérence du texte.

- Le résumé doit « sonner français » : un lecteur « innocent » (pas un correcteur donc) qui le lirait devrait y retrouver intuitivement une sorte de norme du français écrit, au lieu de se trouver face à quelque chose qui semble traduit du serbo-croate par un Japonais qui aurait appris le français avec un militant du créole réunionnais. Bien sûr, cette exigence est relative : la règle du jeu du résumé conduit parfois à adopter des formulations qui ne viendraient pas spontanément sous la plume du locuteur « moyen ».

- Plus largement, vous devez avoir en tête une exigence déjà mentionnée un peu plus haut : le résumé doit être « lisible ». Ceci nous conduit à évoquer la question de la parenthèse. Celle-ci (qui est bien commode : elle permet souvent d’économiser des mots) n’est pas interdite : vous devez seulement la manier avec doigté et en user avec parcimonie, de manière à ce que, précisément, elle n’entrave pas la lisibilité de votre résumé.

- Pour réussir un résumé, il faut bien maîtriser le vocabulaire, puisqu’il s’agit à la fois de comprendre le texte puis de le réécrire sans reprendre ses formulations (sauf pour les termes techniques ou irremplaçables) et en le réduisant. Que faire lorsque vous vous heurtez à un mot inconnu ? Vous pouvez tenter deux manœuvres : la première consiste à tenter de démêler le sens du mot à partir du propos et du contexte (c’est risqué, mais c’est mieux que rien) ;  la seconde consiste à tenter de ramener l’inconnu au connu : si vous ne connaissez pas le mot « chatouillis », vous connaissez peut-être « chatouiller », et tous les espoirs vous sont permis – en revanche, si vous ne connaissez pas « turpitude », c’est mal parti (sauf si vous avez fait du latin …).

- Le résumé relève du bricolage. Par exemple, on vous demande de ramener au 1Oe des textes qui n’ont jamais la même densité, et dont la densité interne n’est pas constante.

- L’une des angoisses des gentils candidats est de se rendre compte à la fin de la rédaction qu’ils s’y sont mal pris, ont conservé trop de choses, et donc ont fait trop long. Une astuce pour éviter cela : avant de rédiger, divisez la matière que vous avez conservée en trois blocs de « taille » égale. Commencez la rédaction, et une fois arrivés à la fin du premier bloc, vérifiez que vous n’avez pas consommé plus du tiers des mots auxquels vous avez droit ; idem à la fin du second bloc. Et quand c’est trop long ? Lorsque l’excès n’est pas trop important, on peut jouer sur les formulations (tenter de dire la même chose en utilisant moins de mots); si le problème est plus grave, et que donc on a conservé trop de choses, il faut « dégraisser » bien sûr, mais en veillant à ménager ou à reconstituer la cohérence du propos.  

 

Guy Barthèlemy



[1] Ce travail de repérage et de hiérarchisation n’est pas toujours possible : certains textes, mal élaborés, peuvent rendre cette opération très difficile.

05/07/2011

BIBLIOGRAPHIE ET CONSIGNES A L’USAGE DES ETUDIANTS DES CPGE SCIENTIFIQUES (PREMIERE ET DEUXIEME ANNEES)

 

Lycée Champollion    Cours de Lettres-Philosophie                                                                              2011-2012

BIBLIOGRAPHIE ET CONSIGNES A L’USAGE DES ETUDIANTS DES CPGE SCIENTIFIQUES  (PREMIERE ET DEUXIEME ANNEES)

 

                Le thème au programme cette année est « La Justice ». Vous trouverez ci-dessous le corpus des œuvres à travers lesquelles il sera traité et quelques consignes essentielles.

 

                I.              ŒUVRES AU PROGRAMME

1) Les Choéphores et Les Euménides, Eschyle, traduction de Daniel Loayza (disponible en GF et Gf-Dossier). Ces deux tragédies appartiennent à la trilogie de L’Orestie, représentée en 458 av. J.C. à Athènes, dont vous devez naturellement lire le premier volet, intitulé Agamemnon, que vous trouverez dans diverses éditions de poche (dans des traductions différentes ; choisissez librement).

 

2) Pensées, Blaise Pascal (1670)

Gardez votre calme. Les Pensées sont une œuvre fragmentaire, inachevée, publiée après la mort de Pascal, dont l’écriture (la graphie) était illisible. Ceux qui ont, depuis le XVIIe siècle, édité cette œuvre, ont adopté, pour des raisons dans lesquelles nous n’entrerons pas ici, des principes de classement variés des fragments qui la composent. Le jury a sélectionné dans cette œuvre un certain nombre de fragments qui se rapportent à la justice, et il nous les a désignés selon le classement dit « Lafuma » . Voici ce que cela donne : - Liasse II (« Vanité ») : fragments 13 à 52 ; liasse III (« Misère ») :  fragments 53  à 76 ; liasse V (« Raisons des effets ») : fragments 80 à 104 ; liasse VI (« Grandeur ») : fragments 105 à 118 ; liasse VII (« Contrariétés ») : fragments 125 à 130 ; liasse X (« Le Souverain Bien ») : fragments 147 à 148 ;   liasse XIII (« Soumission et usage de la raison ») : fragments 170 à 174 ;  - Liasse XV (« Transition de la connaissance de l’homme à Dieu ») : 199 - Série XXIII: (518 - 520 - 525 à 533 - 540 )- Série XXIV: (de 597 - 617) Série XXV (645 - 665). Le problème, c’est que la seule édition accessible qui utilise le classement Lafuma  ne nous a pas semblé utilisable, parce qu’elle ne comporte aucune note. Nous avons donc choisi celle du Livre de poche (N° 16069),  qui obéit au classement dit « Sellier », et qui comporte une « table de concordance » (p. 670 et sq) vous permettant de passer de la numérotation Lafuma à la numérotation Sellier. Exemple : les fragments 13 à 52 Lafuma sont les fragments 47 à 85 Sellier.

                Il est essentiel que vous acquériez cette édition, et pas une autre ; dans le cas contraire, vous vous heurterez à des problèmes de repérage extrêmement pesants, et vous ne pourrez pas profiter des notes infra-paginales (ou des autres éléments de commentaires) de cette édition auxquels votre professeur vous renverra souvent. Ne cédez pas à l’attrait de l’édition GF dossier, qui porte la mention « Prépas scientifiques 2012 », que vous auriez bien du mal à utiliser : elle recourt à un principe de classement des fragments, le « Brunschvicg » qui vous conduirait souvent à les traquer un par un  (exemple : la séquence 13 – 14 Lafuma n’existe plus en Brunschvicg, où les deux fragments portent les numéros 133 et 338  …..)

                S’il vous reste un peu de sang-froid, apprenez que figurent aussi au programme, du même Pascal, trois textes très brefs intitulés les  Trois discours sur la condition des grands. Bien sûr, ils ne figurent pas dans l’édition que nous vous prescrivons. En revanche, vous les trouverez facilement sur internet (ils ont par exemple été numérisés par le CNAM et sont téléchargeables gratuitement à l'adresse suivante http://www.vaucanson.org/lettres/LABRUYERE/pascalgrands.h...) ; ils existent également aux éditions Mille et une Nuits (2, 50 Euros) ou dans la collection folio plus (avec d’autres textes politiques de Pascal). Il faut que vous commenciez par la lecture de ces trois textes, d’un accès plus commode que les Pensées.  A ce propos : Pascal, mathématicien, physicien, théologien, polémiste redoutable et concepteur d’un système de transports en commun pour Paris, bref, une incarnation majeure de la puissance de l’esprit, ne se préoccupait pas d’être immédiatement accessible (même s’il entendait pratiquer une forme de pédagogie, mais pas au sens où vous entendriez le terme). Aussi cette œuvre vous semblera-t-elle peut-être difficile. Ne vous laissez pas rebuter par les premiers fragments de notre corpus : les thèmes qu’ils abordent reviennent ensuite, sont développés et, dans une certaine mesure, éclaircis. Dites-vous que face à cette œuvre, tout lecteur est comme un roseau, le plus faible de tous – mais un roseau pensant.

 

3) Les Raisins de la colère, John Steinbeck (1939), éd. folio N° 83, traduction Marcel Duhamel et Maurice-Edgar Coindreau.

 

II.                    COMMENT TRAVAILLER PENDANT L’ETE

 

                Vous devez impérativement lire (de près, donc plusieurs fois) pendant l’été les trois œuvres au programme. Vous devez bien sûr exploiter l’appareil critique qu’offrent les éditions sélectionnées des deux premiers textes (par malheur, le roman de Steinbeck, lui, est « nu »), mais l’essentiel reste la connaissance des œuvres. A cet égard, ceux d’entre vous qui ont appris dans le secondaire à constituer des fichiers systématiques sur les œuvres seront bien inspirés de recourir à cette méthode. Nous sommes persuadés que  de futurs étudiants de CPGE sont assez mûrs pour suivre les consignes qui leur sont transmises par leurs futurs professeurs, mais au nom du très moderne principe de précaution, nous nous réservons le droit de vérifier lors du premier cours, grâce à un contrôle qui sera noté, que vous avez mené à bien la lecture de ces œuvres, et que donc vous êtes en mesure de suivre un cours qui leur est consacré. Pensez que vous n’aurez plus ensuite, du fait du rythme de travail de la « prépa », le temps de procéder à une lecture méticuleuse des œuvres (notez par exemple que le roman de Steinbeck, dont la lecture est certes très plaisante, est un gros roman) : c’est au cours des deux mois qui viennent que vous devez le faire.

                Le thème au programme est étudié à travers le corpus des trois œuvres mentionnées ci-dessus, et c’est d’elles que vous parlerez à 95% dans vos dissertations. Toutefois, votre culture personnelle et la connaissance d’autres œuvres sont susceptibles de vous faciliter l’approche du thème et de nourrir votre travail. Nous vous conseillons donc ci-dessous un petit nombre de livres et de films que vous pourrez découvrir pendant l’été, que vous pourrez ponctuellement mettre à contribution  dans une dissertation, et auxquels nous sommes susceptibles de faire référence pendant les cours. Vous trouverez enfin en librairie, dès maintenant, divers manuels qui traiteront le thème et les œuvres au programme, et qui peuvent vous être utiles, même s’ils sont souvent inégaux.

 

                III – BIBLIOGRAPHIE COMPLEMENTAIRE –   FILMOGRAPHIE

 

Antigone, Sophocle

Crime et châtiment, Dostoïevski

Les Justes, A. Camus

Le Procès, F. Kafka

 

M. le Maudit, Fritz Lang (1931)

Les Raisins de la colère [adaptation – remarquable et discutable – du roman de Steinbeck], John Ford (1940). L

Le Faux coupable, A. Hitchcock (1957)

Douze Hommes en colère, S. Lumet (1957)

Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur [aussi distribué sous le titre : Du silence et des ombres], Robert Mulligan (1962)

Au Nom du peuple italien [In Nome del popolo italiano], Dino Risi (1971)

 

 

               

 

                Nous nous réjouissons de vous accueillir début septembre pour une année de travail intensif (et pleine d’agrément), car la littérature et la philosophie requièrent (et méritent) autant d’efforts que les sciences. Très bon été,

L’équipe des professeurs de Lettres-Philosophie