Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

11/09/2012

Grille d’analyse pour l’étude détaillée d’un texte

[Merci à Aline Vattier, qui a élaboré cette fiche de synthèse]

 Grille  d’analyse pour l’étude détaillée d’un texte

 

-> Cette grille n’est pas exhaustive, et par ailleurs vous ne devez pas l’appliquer mécaniquement : aucune approche formalisée ne saurait vous dispenser de faire appel à votre bon sens, à votre sensibilité littéraire et à votre culture

 

Outils d’analyse

Interprétations

Genre (théâtre, roman, poésie, littérature d’idées)

(Vous privilégierez certains outils)

Paratexte

 

 

La mise en page : disposition du texte dans la page, choix d’une typographie (majuscules, italiques)

(Vous retiendrez des informations : siècle et donc mouvement littéraire, par exemple)

 

Intentions de l’auteur.

Mise en relief.

Types de texte : narratif, descriptif, explicatif, argumentatif

(Vous privilégierez certains outils)

Thème

De quoi le texte parle-t-il ?

Si c’est un texte argumentatif, quelle est la thèse  soutenue/réfutée?

Composition du texte (début ? étapes intermédiaires ? fin ?)

Evolution du texte : du dialogue, des idées,  des arguments, des personnages…renversement, qu’est-ce qui est développé ? qu’est-ce qui est traité de manière allusive ou passé sous silence ? etc

Le narrateur (interne, externe, omniscient) ou la focalisation (interne, externe, 0)

 

Qui voit ? Quoi ? Selon quel point de vue ?

Evocation des sentiments, émotions.

Qui parle ? à qui ? qui pense ?

Regard porté sur les personnages

Les registres (cf. : fiche sur les registres): tragique, comique, lyrique, didactique, épique, fantastique, polémique., réaliste…

Déterminer le ton du texte. Manière de percevoir ou de faire percevoir le réel. Chaque registre correspond à un certain type d’émotion que le locuteur cherche à susciter chez son destinataire : admiration, pitié, rire, etc

Outils lexicaux :

  1. Vocabulaire
  2. Adjectif et adverbes
  3. Ton appréciatif, dépréciatif
  4. Registre de langue

 

  1. Figures de style (cf. fiche ou manuel)
  2. Connotation/Dénotation
  3. Indicateurs de temps et de lieux

 

 

Intentions de l’auteur

Caractérisation du nom et du verbe

Intentions : péjoratif, mélioratif

Texte où l’oralité est forte, texte très littéraire etc

Mise en valeur, originalité, effet d’instance…

Position du narrateur, subjectivité ou obj.

Renseignements spatio-temporels

Outils grammaticaux :

  1. Déterminants et pronoms

 

  1. Types de phrases : déclarative, interrogative, exclamative, impérative
  2. Négation
  3. Temps et modes verbaux
  4. Syntaxe : structure des phrases, phrase simple/complexe, juxtaposition, incises, phrases nominales
  5. Ponctuation
  6. Connecteurs logiques
  7. Style direct, indirect, indirect libre

 

 

Intentions de l’auteur, position du narrateur

Enonciation

 

 

Tout dépend du texte

Idem

Rythme

Niveaux de langue

Oralité…

 

Rythme, organisation du propos.

Structure du propos.

Qui parle ? Qui voit ? Qui sait ?

Procédés musicaux :

  1. Versification
  2. Rythme (binaire- ternaire, ascendant-descendant ; phrases longues, courtes…)
  3. Sonorités : allitération (cons.) et assonance (voy.)
  4. Paronomase (mots qui se ressemblent par le son mais dont le sens est différent), onomatopée (interjection pour simuler un bruit)
  5. Euphonie (agréable et harmonieuse combinaison de sons)/Cacophonie (l’inverse !)

 

 

 

Musicalité, sons, rapprochement d’images, mise en relief

//

//

 

Réalité des images par les mots.

 

POUR RAPPEL :

-         l’énonciation : ce sont toutes les marques, tous les faits qui constituent la trace de la personne qui parle (ex : une phrase exclamative traduit une réaction affective, morale de celui qui parle ; un vocabulaire dépréciatif traduit le regard péjoratif, c’est-à-dire le jugement, de celui qui parle ou qui raconte)

-         le narrateur est celui qui prend en charge le récit.

 

 

DE LA CORRECTION NEGATIVE (à l'usage des étudiants d'hk et de kh)

   G. Barthèlemy 

 

              DE LA CORRECTION NEGATIVE

 

A L’ATTENTION DES ETUDIANTS EN CLASSES PREPARATOIRES

 

 

 

         Cette note est destinée à expliciter quelques-uns des principes qui guident l’évaluation de vos travaux, oraux et écrits, et quelques-unes des exigences auxquelles vous êtes soumis – toutes disciplines confondues.

         Il convient d’abord de préciser ce que l’on entend par correction négative. Vous avez connu jusqu’au baccalauréat le régime de la correction positive. Celui-ci consiste  (si l’on simplifie un peu) à rechercher dans le travail de l’élève tout ce qui peut être valorisé et à « oublier » ce qui au contraire pourrait le disqualifier. La correction négative obéit à d’autres principes. Et fondamentalement à celui-ci : on s’adresse à des individus dont on peut exiger beaucoup, parce qu’on leur fait crédit d’une certaine intelligence, et que l’on considère que la mission de l’institution est de donner à tout un chacun une chance d’arriver au meilleur niveau – corrigeant par là les effets de l’inégalité sociale qui dote les uns d’un capital  socio-culturel  qui leur ouvre l’avenir tandis que les autres doivent trouver ailleurs, c’est-à-dire dans l’institution scolaire,  ce que leur milieu n’a pu objectivement leur fournir. Exiger de nos étudiants qu’ils maîtrisent parfaitement les règles de la syntaxe, c’est refuser qu’ils soient – là encore, objectivement – handicapés dans leur cursus universitaire puis dans leur vie professionnelle  face à ceux qui seraient « naturellement » (c’est-à-dire en fait par héritage social et culturel – lisez Bourdieu) détenteurs de cette maîtrise.

         Concrètement, pratiquer la correction négative signifie : considérer qu’un certain nombre de travers et de fautes dans un travail, oral ou écrit, d’un étudiant en CPGE, sont à la fois inadmissibles et rédhibitoires, disqualifient très largement le travail en question, quelles qu’en soient par ailleurs les qualités. C’est le point de vue des correcteurs du concours de l’ENS et de bien d’autres concours. Prenons deux exemples authentiques (bien qu’anonymes). Quand, à l’occasion d’une explication de texte, un étudiant combine « bien que »  avec l’indicatif, on doit considérer qu’il se met lui-même hors-jeu, et que rien ne peut racheter cette énormité qu’un élève du primaire est censé ne pas commettre. Quand dans une lettre de motivation pour telle institution universitaire un autre étudiant écrit deux fois « permetterait » pour « permettrait », vous pouvez être certains que la lettre en question atterrit immédiatement dans la poubelle – et le contraire serait scandaleux.  Vous trouverez ci-après une liste non-exhaustive de problèmes rédactionnels, ou d’expression, susceptibles de « plomber » vos travaux.

         Sur le plan méthodologique, vous ne devrez pas être surpris si une dissertation dans laquelle le sujet n’a pas fait l’objet d’une analyse digne de ce nom, ou dont l’introduction n’expose pas de problématique, ou d’annonce de plan, est notée forcément, quelles que soient ses qualités, en-dessous de la moyenne. Il en est de même si vous commettez un hors-sujet. Vous avez également eu le temps d’apprendre qu’une dissertation qui n’est qu’une morne récitation du cours ou un résumé d’ouvrages, d’articles, et qui est dépourvue de tout ressort dialectique, ne peut pas non plus être honorée de la moyenne.

Vous devez enfin vous rappeler que les exemples sont indispensables dans une dissertation. En Lettres, vous êtes astreints à la mention régulière et répétée d’exemples pertinents, faisant l’objet d’une analyse spécifique ou intégrés dans des analyses d’ensemble. Il va sans dire (joies de la prétérition) que vous êtes donc conduits à citer le texte dans sa littéralité, et donc à apprendre pour le concours un certain nombre de citations. Axiome : une dissertation sans exemples est un couteau sans manche dont il manque la lame, ou un gigot à l’orientale sans épices, ou un civet de lapin cuisiné à l’eau déminéralisée, ou une fille parfumée à l’air de la grand-rue.  Pour le traitement de l’exemple dans la dissertation d’Histoire,  notre collègue M. De Becdelièvre a tenu à vous apporter les précisions suivantes :

         L'exemple en histoire ? Nature : le fait divers, l'information culturelle, les données chiffrées, la biographie, la présentation d'une exploitation agricole au XIX°s; la description d'un vêtement... tout est recevable. Statut ? Vrai (ou vraisemblable pour peu que le correcteur ne voit pas l'imposture …) ; il ne suffit pas à lui seul à faire autorité mais comme on ne peut exiger une quantité d'exemples sur un même argument, il prouve que le candidat a compris la nécessité d'étayer son propos. Fonction ? Il sert à illustrer un argument ; à démarrer la présentation d'un argument ; sa description peut être à l'origine d'un développement descriptif et donc d'une série d'observations ; il sert parfois de contre-exemple. Au total, l'exemple, au contraire de ce qu'admet la philosophie, prouve que l'historien est un paysan qui patauge dans le pragmatique, un saint Thomas qui a besoin de toucher pour croire, un flic qui veut des preuves et qui veut que ces preuves aient un écho dans des preuves de même tonneau.

 

Les exigences de la dissertation de Géographie  sont, mutatis mutandis, comparables. Le statut de l’exemple dans la dissertation de  philosophie est assez spécifique, et votre professeur pourra vous en entretenir.

 

         Sur le plan des contenus, vous devez savoir qu’un certain nombre de bourdes sont elles aussi rédhibitoires : ceux qui considéreraient que Balzac succède chronologiquement à Flaubert, que Ben Laden veut faire pousser partout des synagogues, Raffarin des lieux de culture, et que l’URSS a perdu la Guerre de Crimée,  en auraient pour leur argent.

         Comme cela était dit,  plus allusivement, ci-dessus, vous ne devrez en aucun cas voir dans nos commentaires décrivant vos erreurs, soulignant éventuellement leur gravité, une marque de mépris, mais au contraire de considération : pourquoi désigner leurs erreurs à des gens dont on soupçonnerait qu’ils ne sauraient s’en corriger ? Vous devrez aussi résister à la tentation, si commode, de penser que nous vous accablons pour mieux nous distinguer : seuls les ignorants supposent que le territoire du savoir est étroit et qu’il est possible d’en faire le tour ; nous constatons chaque année, en découvrant de nouveaux programme, en refaisant nos cours, à quel point Socrate est notre maître à tous quand il dit : « je sais que je ne sais rien ». Tout est affaire de degré, et du point de vue de Sirius, notre ignorance n’est pas moins encyclopédique que la vôtre … Mais nous avons quelques années d’avance et, surtout, nous avons intériorisé une certaine forme d’exigence. En route vers l’avenir !

         Enfin, parler de « correction négative » ne signifie aucunement que nous ne sommes pas disposés à reconnaître les qualités de votre travail. Si vous retournez les mises en garde qui figurent ci-dessus, vous obtiendrez la recette (quoique l’art de la belle dissertation soit plus subtil que celui d’accommoder le gigot à l’orientale) du devoir réussi. Les rapports du jury de l’ENS offrent volontiers des citations de copies aussi brillantes que solides,  qui ont été notées au-dessus de 15/20, et la finalité de notre existence professionnelle est bien moins de recenser des erreurs et des horreurs  que de corriger des copies dont les qualités nous impressionneront, et nous réjouiront.

 

 

 

                   PETIT VADEMECUM DE QUELQUES « FAUTES » COURANTES A EVITER

 

         Ce petit répertoire (que nous vous serions reconnaissants de ne pas trop enrichir cette année par vos apports personnels …) ne prétend pas à l’exhaustivité ; nous voudrions simplement attirer votre attention sur trois points :

         - la poursuite d’études « littéraires »  implique que l’on entretienne avec la langue une relation à la fois plus étroite et plus exigeante ;  c’est l’un des intérêts (et des plaisirs) de ces études. S’il faut absolument vous proposer des modèles, pensez que la verve et l’élégance d’un Paul Veyne ou d’une A. Ubersfeld viennent opportunément souligner leur brio intellectuel.

-Une langue évolue en permanence, mais tout ce qui « arrive » à et dans cette langue n’est pas recevable ; vous êtes responsables de la langue que vous mettez en œuvre, soyez  prudents.

- Enfin, il existe un « socle » de la langue et de son usage, qui permet de l’utiliser – de parler et d’écrire en se faisant comprendre – et qui s’appelle la grammaire. Le moins que vous puissiez faire, c’est de respecter la grammaire, dans ses incidences morphologiques et syntaxiques (il n’est pas  question ici des quelques fautes d’inattention que l’on s’attend à rencontrer dans n’importe quelle copie rédigée en temps limité).

 

 

Les faits incriminés relèvent de deux ordres : d’abord des fautes de langue procédant simplement d’une négligence aussi étonnante qu’intolérable de la part d’étudiants qui passent leur vie dans les livres et qui ont donc tout loisir de s’imprégner des règles et usages linguistiques ; ensuite des faits de langue, des tours syntaxiques, des manières de dire  - tous fautifs – qui font l’objet d’un engouement particulier et se répandent rapidement. Vous n’êtes pas sans savoir que les mass-media façonnent assez largement le langage du sujet parlant moyen, et que folliculaires, bateleurs de la radio et de la TV mettent en circulation un certain nombre d’usages en la matière. Petit relevé.

 

         + Fautes de langue et problèmes d’expression relevant de la génération spontanée:

- transgression des règles de la syntaxe de l’interrogation 

-         transgression des règles (syntaxiques ou morphologiques) d’accord des verbes ou des substantifs 

-         transgression de la règle d’accord du participe passé avec « avoir » 

-         manipulation fautive (de manière récurrente) de la ponctuation (notamment : ignorance des règles présidant à la distribution de la virgule dans la phrase) 

-         prolifération de chevilles comme « de plus », « en outre », etc. ; on vous a appris au lycée que l’on explicitait la logique de l’argumentation développée grâce à des « connecteurs logiques » ; dans vos esprits distraits, cela a donné :  il suffit que je parsème ma phrase de  termes comme « de plus », « en outre » , « cependant » (vous ne vous souciez pas toujours de la différence entre ces termes …) pour que ce soit logique. Erreur ! la présence malencontreuse de ces termes exhibe au contraire les discontinuités (fatales en matière dissertative) de votre propos et son défaut de logique (encore plus fatal).

 

+ Usages aberrants véhiculés par la presse

                è à l’oral : Radio et TV ne sauraient être rendues responsables de l’incapacité, généralement constatée, des étudiants à lire oralement autrement qu’en plaquant sur le texte une mélodie préfabriquée (cadence, mélodie, etc) et littéralement insignifiante. En revanche, les journaleux sont coupables de la diffusion dans le public étudiant de deux habitudes parfaitement risibles : l’une consiste à transformer à la fin des mots les « e » muets en « e » moyen, voire à rajouter un « e » moyen à la fin d’un mot qui n’en comporte pas  - et toujours en étirant ce « e » après avoir affublé d’un accent d’intensité on ne peut plus inopportun la dernière voyelle: on ne dit plus « une coccinelle », mais une « coccinELL –eeee » ; un « éléphant » mais un « éléphANt – eeee » ; l’autre consiste à articuler toute la phrase ou la période sur une mélodie traînante et plate, comme si elle était pleine d’une effroyable tension contenue, et à la clore sur une brusque tonalité descendante, en étirant démesurément la voyelle finale (comme pour donner à penser, créer du suspens, ou rester coincé dans une position inconfortable).

         On se demande encore à cette heure si l’élocution traînante et pâteuse identifiée l’année dernière chez certains khâgneux procède de modèles télévisuels ou de la fascination pour de lointaines banlieues dans lesquelles les pratiques sportives incluent le rodéo automobile et l’enseignement de l’art du body-building aux Pitt-Bulls. Quoi qu’il en soit, ces habitudes articulatoires ne sauraient trouver leur place en khâgne.

J’allais oublier ce que l’on peut nommer conventionnellement le « et virenquois », en hommage à un coureur cycliste dont on est certain qu’il n’a pas absorbé de produit dopant destiné à ses hautes fonctions cérébrales. Ce « et » permet d’enfiler les uns à la suite des autres, sans se sentir tenu à la moindre exigence de cohérence, des énoncés divers et variés, et de confisquer durablement la parole puisque grâce à cette hyperbate dite non-entravée on peut toujours ajouter quelque chose (plus exactement : n’importe quoi).

                    è A l’écrit :

-         la surutilisation de la préposition « sur » ; voir les aberrations du genre : « j’habite sur Trifouilly-les-Chaussettes, en Normanpluie »

-         les termes qui n’existent pas : « mature » (pour « mûr »), « positiver » (on ne sait pas pour quoi).

-         Ceux qui sont utilisés de façon aberrante : « définitivement »  désémantisé et utilisé comme adverbe de phrase, à l’américaine, pour signifier « parfaitement », « tout à fait », etc.

-         Les usages syntaxiques aberrants divers: « non-courant » (pour désigner quelqu’un qui ne peut pas courir), et plus généralement « non-ceci », « non-cela » (peut-être sur le modèle du anglais des parasynthétiques privatifs ou antonymiques préfixés en « un » : « unamerican ») ; divers télescopages de prépositions : « il faut réfléchir sur comment on va éviter de commettre les mêmes énormités qu’au Vietnam ») ; le « il est à », dans des énoncés du genre « il est à penser qu’une caricature le représentant avec du persil dans les oreilles lui rendrait justice » (pour « On peut penser … »).

-         Les tautologies pitoyables : « permet de pouvoir »,  « le pouvoir de pouvoir faire »,  « chercher à trouver », « refuser d’accepter »,  « se poser la question de savoir … ».

-         Les chevilles syntaxiques qui permettent de construire n’importe quoi n’importe comment, donc d’éviter d’élaborer une formulation spécifique donc intellectuellement satisfaisante ; vainqueur toute catégorie, le « par rapport à » , que vous devez bannir totalement de votre langage car neuf fois sur dix, sous la pression de cet usage aberrant, vous l’utiliserez de manière fautive.

-         Les outils de mise en relief du thème, qui alourdissent et obscurcissent en définitive le propos – et sont, bien sûr, sur le plan rhétorique, totalement incorrects : « au niveau du pain frais, on dira que … » ; « par rapport à la question de l’émigration clandestine des coccinELL – eeeees (…) » ;  méfiez-vous même de la prolifération (c’est nouveau) du « quant à … ».

-         Diverses formes de soulignement prétendument expressifs du propos – par exemple l’usage spectaculaire et donc ridicule de l’interro-négation.

-         Tout au sommet des aberrations lexicales très actuelles :

° le glissement de « problème » (le fait objectif ) vers « souci » (l’intériorisation, par le sujet, du problème) ; ainsi ne dit-on plus « il n’y a pas de problème » mais « il n’y a pas de souci »

° et enfin, vous l’attendiez tous, le pantonyme universel, fruit d’un jargon qui fantasme la posture de maîtrise et la projette partout, le paradigme lexical de la gestion ! Votre dictionnaire vous dit que l’on ne peut gérer que l’argent et les titres financiers ? Jetez-le ! on « gère »  les individus (« qui vous gère ? » vous demandera votre interlocuteur au rectorat), on « gère » sa vie (sic ), on « gère la canicule » (Dieu merci, le ridicule est moins mortel que la susdite canicule, sinon j’en connais qui n’en auraient pas réchappé), et même on « gère » tout court, transitif absolu (« ouais, ouais ! Germaine, elle gère ! » - pour dire que, en dépit du naufrage de sa longue aventure avec Marcel, elle fait face courageusement, ne s'effondre pas, etc).

 

                   Courage !

 

-          

 

        

        

29/12/2011

Méthodologie de la dissertation de Lettres-Philosophie en Math spé

            VADEMECUM POUR LA DISSERTATION DE MATH SPE (à partir d’une note élaborée par des correcteurs du CCP)

 

Rappel inaugural : tout exercice scolaire est une convention, qui en vaut une autre, et qui vise à repérer chez le candidat certaines qualités (c’est ce qui confère à cet exercice conventionnel sa légitimité). En l’occurrence, le correcteur vérifiera d’abord que vous manipulez correctement le français : vous devez respecter la grammaire, vous exprimer clairement au moyen d’un vocabulaire précis, adapté, et manipuler une syntaxe exempte de confusion – bref, vous devez montrer au correcteur que vous êtes parvenu à échapper à ce syndrome terrible de l’ « approximation consentie » (et inaperçue tant elle est dominante) qui caractérise l’usage du langage aujourd’hui. Il se demandera ensuite si vous avez bien lu, de près, les œuvres au programme, si vous êtes capable, à l’aide d’un cours, de tenir à leur propos des discours sensés, crédibles, voire intéressants. Enfin, il jugera votre capacité à élaborer une démarche intellectuelle cohérente, organisée, destinée à traiter le sujet (c’est cela que l’on nomme, au sens étroit du terme, la « dissertation »). Bonne chance.

Rappelez-vous aussi qu’une méthode n’est pas une recette, et ne dispense surtout pas (Dieu merci !) les candidats de faire usage de leur jugeote. La rhétorique de la dissertation est un moyen, une forme, qui n’est là que pour vous permettre d’élaborer, en vous pliant à des règles conventionnelles, une réflexion digne de ce nom. Le but de cette épreuve n’est pas de recruter des rhéteurs mais de sélectionner de futurs ingénieurs qui seront aussi des citoyens au plein sens du terme, qui donc seront capables de réfléchir, de s’exprimer, et d’organiser leur propos.  

 

 

Ce qui est exigé :

 

1. la présence de la citation dans l’introduction

 

2. une problématisation qui fournit une analyse, une explication des termes du sujet  et de sa cohérence, de manière à en dégager les implicites et les enjeux. Cette problématisation ne se confond pas avec une succession décousue d’interrogatives, et elle ne se ramène pas forcément à une seule question. Rappelons qu’aucun sujet n’est immédiatement « utilisable », qu’il faut absolument procéder à cette analyse pour élaborer la démarche intellectuelle qui sera la vôtre et que vous traduirez dans un plan

 

3. une annonce de plan qu’on souhaite claire même si elle est un peu lourde (« Il faudra donc dans un premier temps se demander si …. ; nous verrons ensuite pourquoi …. Et c’est seulement dans un dernier temps que …. »), plutôt qu’« élégante » mais allusive. Rappelez-vous que l’introduction … introduit : le correcteur, une fois qu’il l’a lue, doit savoir comment vous avez compris le sujet et quelles seront les grandes lignes de votre devoir. N’oubliez pas que, symétriquement, dans votre conclusion, vous reviendrez sur ces grandes étapes et leurs acquis (« Nous nous demandions si … nous avons vu que … que … et que ») avant de formuler une synthèse, qui constituera votre « réponse » (« Nous pouvons donc dire que » / « Aussi sommes-nous maintenant en mesure d’affirmer … », etc.) au sujet

 

4. le traitement du sujet : nous attendons que le candidat dialogue constamment avec le sujet, qu’il s’explique avec la thèse de l’énoncé, qu’il prenne position au regard du problème soulevé. A ce propos, il faut préciser qu’il n’existe pas « une » « vérité » d’un sujet : celui-ci peut toujours être traité de plusieurs manières. En outre, ce qui intéresse le correcteur est moins la « réponse » que donnera le candidat dans la conclusion, que le cheminement intellectuel qui l’y aura conduit et à laquelle correspond le plan qu’il aura adopté. Telle est en effet, la substance du plan : non pas une armature artificielle, purement formelle et scolaire, totalement mécanisée, mais l’élaboration d’une démarche intellectuelle spécifiquement adaptée à un sujet  

On préfèrera donc toujours un traitement partiel, ou un peu maladroit, voire légèrement contestable du sujet, à une stratégie ou une manœuvre visant à le contourner, à le ramener à un développement bien mémorisé mais sans rapport avec le sujet, ou, à l’inverse et de façon complémentaire, à diluer ce sujet dans une question de cours

 

5. une argumentation, une réflexion cohérente, dont la progression doit être claire, sous-tendue par une dynamique intellectuelle, par un ressort dialectique, et qui associe en permanence des analyses et des exemples empruntées aux œuvres. On peut recourir  aussi bien à des analyses approfondies et relativement longues de passages empruntés aux œuvres, en nombre forcément restreint – à condition qu’elles ne se dégradent pas en d’interminables narrations -  que des références courtes, et donc plus fréquentes – à condition qu’elles ne relèvent pas de la simple allusion

 

 

6. une connaissance (de première main), et une exploitation pertinente et judicieuse des œuvres et du cours. Conséquence : pour réussir cette épreuve de dissertation, il faut être rapide, c’est-à-dire avoir une très bonne connaissance des oeuvres et du cours, ce qui vous permet de confronter immédiatement le sujet à ces œuvres (comme une grille de lecture que vous projetteriez sur elles), de voir comment vous allez pouvoir mettre à contribution ces œuvres et le cours. Prenez l’habitude de considérer le cours comme une carrière dans laquelle vous allez puiser des pierres (tel développement général, telle analyse circonstanciée, tel exemple décisif) pour construire votre devoir, et n’oubliez pas qu’on ne peut pas mettre n’importe quelle pierre n’importe où. Adopter ce point de vue vous permettra par ailleurs de développer une écoute plus attentive en cours

7. un « tressage », dans l’ensemble du devoir, des trois œuvres au programme : vous devez montrer en permanence que vous pensez ensemble ces trois œuvres, ce qui peut d’ailleurs (ce n’est pas un paradoxe) vous conduire à mettre en évidence la singularité de l’une d’entre elles : il se peut ainsi, par exemple, que dans une partie vous consacriez une rubrique à l’analyse de tel aspect de telle œuvre, analyse qui fait progresser votre traitement du sujet, mais c’est la logique de votre cheminement qui doit vous conduire à accorder ce privilège (temporaire) à l’une des œuvres , pas la paresse ou la méconnaissance des deux autres œuvres.

 

Ce qui est acceptable :

 

1.l’absence d’ouverture dans la conclusion (mieux vaut ne rien dire plutôt que de lâcher une énormité ou une platitude dans la dernière phrase du devoir).

2. un plan en deux parties. Rappelez-vous toutefois qu’il entre davantage de dialectique dans un plan en trois parties

3. des références extérieures aux trois œuvres du programme, si et seulement si elles sont pertinentes, suggestives, c’est-à-dire si elles ouvrent des perspectives auxquelles le programme ne permettrait pas d’accéder

4. des citations erronées au regard de la lettre, mais fidèles à l’esprit. Une citation inexacte sur la forme, mais judicieuse sur le fond, vaudra toujours mieux qu’une citation littérale et gratuite. 

 

 

 

Ce qui n’est pas acceptable

 

1. la récitation, la régurgitation, le plaquage. Le correcteur sait bien que vous exploitez un cours, mais il doit voir que vous vous l’êtes approprié, c’est-à-dire que vous êtes capable de reprendre une analyse en l’intégrant, de manière parfaitement logique et judicieuse, au moment qui convient, dans votre copie, de manière à faire progresser le raisonnement

2. la  juxtaposition de trois monographies, chacune consacrée à un seul auteur 

3. l’absence de citations

4. à l’inverse, une pléthore, une avalanche, une prolifération de citations, prouvant les jolies facultés mnémoniques des candidats, mais ni leur intelligence, ni même leur bon sens.