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29/03/2016

Andromaque : le malheur de la passion - Passions / imagination - Passon / éclatement du moi / recentrement - Incertitude, crainte, espoir : Racine vs Hume

  1. Barthèlemy – Lycée Champollion – Classes de Math spé, année universitaire 2015-2016

 

ANDROMAQUE – DERNIERES MISES AU POINT

 

Le malheur de la passion / la passion comme malheur ds Andromaque

 

 

La pièce est dominée par le malheur, qui est d’abord celui venu du passé, en l’occurrence de la Guerre de Troie : remords – Pyr, I,4, 317-318- et destruction – Pyr., I,2, 197 et sq. Aucune évocation de la victoire en tant que telle, mais mention par Pyrrhus au contraire de la désolation qui accompagne cette victoire ; malheur d’Andromaque, dont l’attribut = le deuil, les larmes, la crainte ; hors guerre de Troie : le blocage passionnel d’Oreste, prisonnier de son vain amour pour Herm.  Ce blocage que représente le passé trouve une expression a priori paradoxale et particulièrement pathétique dans la bouche de Pyr évoquant la perspective de son mariage avec Andr, IV, 5 v. 1297-1300 : l’image du cœur arraché vient de l’univers de la galanterie (stéréotype de la dépossession amoureuse), mais elle est en définitive associée à la haine d’Andr  pour Pyr (« … un cœur qu’elle déteste »), et ce qui est évoqué en définitive c’est un télescopage monstrueux, sous le signe du malheur et de la folie, de l’amour et de la haine, qui fait que la  fondation du nouveau couple est perçue comme un piège infernal, une course à l’abîme (« l’un par l’autre entraînés / nous courons ») qui ouvre sur un avenir en forme de malédiction (la malédiction comme figure hyperbolique du piège) et qui est une  image approximative de l’enfer : le serment d’un amour éternel devient une promesse de malheur. Noter qu’Oreste, prisonnier d’un malheur symétrique, fantasme la même solution infernale en III,1.

 

Se rappeler l’importance ds la pièce de l’antithèse dignité héroïque / passion. Observer que deux personnages tentent (feignent de tenter) de restituer cette dignité héroïque qui ferait contrepoids au malheur de la passion ou qui redonnerait de la grandeur à celle-ci : Oreste en IV,3, v. 1158-62, et Pylade en III,1 qui brandit une passion synonyme de grandeur héroïque ds l’idéologie antique et antiquisante : voir v. 786-88. Mais Pylade est obligé pour cela de feindre de croire que son amitié héroïque serait au service de l’amour (stéréotype romanesque galant) alors qu’il s’agit d’autre chose (l’enlèvement d’une femme qui n’aime pas celui qui l’enlève) ; d’autre part ds cette même scène Oreste justifie son projet au contraire par le malheur dont sa passion serait en quelque sorte le prétexte : cf. v. 772-79, 798.

 

La force du dénouement tient à la convergence de +sieurs facteurs : tel qu’il est programmé par Andr, il consisterait en un mariage immédiatement suivi par un suicide[1], succession parfaitement glaçante qui prendra en réalité la forme d’un autre suicide (celui d’Hermione[2]) succédant à un assassinat (celui de Pyr).  Il faut encore ajouter l’ironie tragique qui fait que ce dénouement signe la ruine définitive d’Oreste : celle-ci se traduit par la destruction de l’individu Oreste que constitue la folie. Enfin, le seul possible restauré par cette  fin à tous égards transgressive / blasphématoire est un possible politique (Andromaque délivrée de sa fonction d’épouse peut vivre, et vivre en souveraine), mais qui 1) est immédiatement instrumentalisé en occasion de vengeance (l’autre grande passion de la pièce, à laquelle Andr pourtant, faute de moyen, était indifférente) contre les Grecs, et 2) et  n’est pas viable : le royaume d’Epire dirigé par Andr ne pourra qu’être détruit par les Grecs coalisés qui voudront se venger de sa vengeance et de la trahison de Pyrrhus. Ne subsiste que Pylade, que sa grandeur ds l’amitié aura conduit à aider un régicide qu’il ramènera fou en Grèce.

Pour recentrer l’analyse sur la question des passions, notons que le suicide d’Hermione vient redoubler d’une manière plus pathétique encore la leçon d’Andromaque : la mort de l’objet de la passion ne signifie pas l’extinction de celle-ci mais son exaltation morbide : amour pour ainsi dire fétichiste d’Andromaque pour Astyanax en qui elle voit un double d’Hector, suicide lui aussi fétichiste d’Hermione sur le corps même de Pyrrhus. 

 

 

 

            Passion / imagination

 

 

Se rappeler que l’imagination est une catégorie essentielle pour Racine et ses spectateurs, qui lui reconnaissent notamment une redoutable capacité à amplifier le malheur de la passion. Elle prend ds la pièce la forme de la persistance de la mémoire passionnelle : Oreste ne peut « oublier » Hermione, Hermione est susceptible d’aimer P. tant  qu’O ne l’a pas tué[3] : IV,3, 1195-1200 – ce qui est une représentation hyperbolique de cette inscription de la passion ds l’imagination - , Andr est possédée par le souvenir d’Hector, qu’elle ressuscite « exceptionnellement » ds la scène du tombeau et qu’elle ressuscite quotidiennement en Astyanax (on va y revenir), les Grecs eux aussi voient Hector en Astyanax (ils vont même par la voix d’O jusqu’à l’imaginer incendiant leurs bateaux comme les Troyens incendiaient la flotte grecque ds l’Iliade[4] : I,2, 161-164),  Hermione fantasme un Pyr qui est un héros virilo-galant (III,3, 850 et sq).

C’est ce primat de l’imagination qui explique la puissance du « voir » ds la pièce : Andromaque voyant H en Ast,  ce qui est rapporté – processus d’intensification cruelle – par Pyr en II, 5, 652 et sq, et c’est sans doute cela même qui conduit P, avec une cruauté vengeresse, à imposer une autre vision à Andr en III, 8, v 975 et sq. , qui se dédouble en une  terrible alternative. Enfin, la fraîcheur hallucinatoire de la scène du sac de Troie, chez Andr (III, 8, v 999 et sq) et chez P lui-même (I,2, 209 et sq) atteste ce lien entre imagination et « vision », et la capacité de cette machine infernale à renforcer / pérenniser / ressusciter un autre lien, celui qui unit les passions et le malheur, à lui donner un caractère concret et donc volontiers hallucinatoire – cette donnée hallucinatoire étant, d’un coup de génie, littéralisée par la folie d’Oreste ds le dénouement.

Voir aussi lorsque O établit le principe de l’obsession amoureuse qui transforme tout ce qui s’interpose devant elle en objet de haine, en II,3, v 594-5 (à propos de Pyr) : « Il n’a devant les yeux que sa chère Troyenne / tout autre objet le blesse ».

 

                        Passion / éclatement du moi / recentrement

 

Le paradoxe (certes banal) de la passion chez Racine, c’est que ds le même temps qu’elle induit un blocage dans l’existence du personnage, qu’elle le condamne à la passivité  (ou en tout cas qu’il est agi par elle), elle unifie son existence sous le signe de son exclusivité et lui confère sa dynamique. Les expressions de la dépossession renvoient au premier volet (I,1  Pyr. Est « un cœur si peu maître de lui », v. 120, et il peut « Epouser ce qu’il hait et punir ce qu’il aime », v 121-2 ; Hermione V,1, v.1393 et sq – monologue délibérativo-lyrique ; Oreste évoquant l’ironie tragique qui le conduit à se précipiter chez les Grecs pour chercher une occasion de combattre et d’oublier H, qui y trouve en fait l’occasion de revenir vers elle, I, v 65-66). La reconquête de soi/ de la fonction de sujet actif emprunte (et c’est ce sur quoi il faut insister) les chemins du mal : Pyr en sadique (I,1, v 113-14 : avec Andr ; II,4, v. 624, avec O : « J’attends, avec la paix, son cœur (i.e.  Herm)de votre main ») , Herm en furie vengeresse qui ne se soucie pas de se perdre si elle se venge (IV,4, v 1253),  qui dit (IV,4,  v 1261-62 : « Quel plaisir de venger moi-même mon injure / De retirer mon bras teint du sang du parjure » et qui tient à ce que Pyr en mourant sache « qu’on l’immole à ma haine, et non pas à l’état » (v. 1267), ce qui fait que sa mort ne relèverait pas de la grandeur tragique. Xtplication ds les propos de cette même Herm des réf à la vengeance (dont elle fait une monnaie d’échange avec O : IV,3, 1157 ; stratégie comparable au  chantage exercé par Pyr sur   Andr):  1170, 1230, + IV,4 : 3 occurr, V,2, 3 occurrences.

Face à ce dévoiement, le héros retrouve trop tard sa lucidité, juste avant de sombrer ds la folie : O, V,4, 1568-69 : « Est-ce P. qui meurt ? et suis-je O enfin ? / Quoi ? J’étouffe en mon cœur la raison qui m’éclaire »,   + v. 1570 et sq.

 

            Incertitude, crainte et espoir : Racine vs Hume

 

Chez Hume, espoir et crainte, dont le dosage provoque joie et tristesse, sont fonction des incertitudes de la réalité ou du jugement que nous portons sur elle. Conformément à la déf classique des passions, espoir et crainte sont des mvts de l’âme qui induisent un état d’esprit, qui orientent la relation de l’individu avec le monde, les autres et lui-même, et aussi bien sûr son action.

Les personnages de Racine sont soumis à la torture de l’incertitude[5], mais il faut interpréter celle-ci ds une autre perspective, + complexe :

- le pessimisme racinien met l’accent sur la vanité destructrice de l’espoir ds un monde en déréliction. Ce substrat théologique est thématisé / narrativisé ds la pièce par 1) la « surdétermination par le passé » (voir supra), 2) par le scénario de la chaîne amoureuse, qui implique à la fois la paralysie, le remplacement de l’action par la réaction, et une sorte d’affolement, lui-même thématisé aussi bien par le monologue d’Hermione en I,5 que par la folie d’O ds le dénouement.

- Le « but » de Racine est d’émouvoir son public et de maintenir une tension dramaturgique et scénaristique. Les oscillations entre l’espoir et la crainte sont éminemment propices à cette dynamique et à ce but. Les erreurs de jugement des  personnages sur leur situation et celle de leur semblable ne sont donc pas des causes psychologiques qu’il faudrait prendre en compte avant toute chose, mais des moyens dramaturgiques – du reste, le « jeu » de Racine est clair, puisque dès la scène 1 Pylade nous prévient que l’on ne peut se fier à Pyr.

- L’alternance d’espoir et de crainte ne tient donc pas à un désir d’offrir une représentation substitutive et euphémisée de l’incertitude du « destin » doublée de la csce de son caractère accablant, mais à un substrat métaphysique et à des choix dramaturgiques qui n’ont rien à voir avec cette notion de « destin ». Celui qui utilise ce terme,  Oreste I,1, v.98 : « Je me livre en aveugle au destin qui m’entraîne »), le fait 1) ds le cadre d’une fuite en avant au bout de laquelle on trouve le crime et la folie (représentations hyperboliques du malheur de la passion), 2) ds le cadre d’un discours d’accusation adressé aux dieux (III,1) discours qui, d’un point de vue  janséniste, respire la naïveté (pré-pascalienne) d’un individu qui n’a pas compris qu’il était vain de chercher dans l’existence et les comportements des hommes un reflet de la justice de Dieu (celle-ci est incommensurable aux attentes des hommes, lesquels, en confondant les deux, révèlent   leur amour-propre, leur orgueil et leur naïveté, ce qui est  pour le moins blasphématoire). Notons toutefois que cette faiblesse très humaine d’Oreste provoque forcément une réaction ambiguë du spectateur de Racine, ds laquelle se mêle réprobation et pitié (puisque l’espoir est une passion que chacun connaît et dont chacun sait qu’il n’est pas facile de la détruire au nom du pessimisme janséniste).

- Enfin, la capacité des personnages à « s’adonner » à l’espoir  est bien sûr la condition de possibilité de leur manipulation par leurs semblables, manipulation destinée à compenser les divers blocages que subit leur action, et qui naturellement « fausse » (au sens mécanique autant que psychologique) les rapports entre les êtres : Pyr soumet Andr au chantage, et elle ne peut faire mieux que lui rappeler que ceci est incompatible avec son statut putatif de héros (I,4), puis de se soumettre  tout en opposant à ce double sacrilège[6] un autre plus radical : le suicide, par lequel elle accomplit cette « vertu criminelle » que lui reprochaient à la fois Pyr et Céphise à la fin de l’acte III (ils parlaient alors de son refus du mariage et de la conséquence de ce refus, la mort d’Ast) ; c’est un autre aspect de l’ironie tragique : Andr, quel que soit son choix face à l’alternative (c’est, plus précisément, un dilemme) à laquelle elle est confrontée, ne peut échapper à ce « destin » de criminelle par vertu. C’est encore le cas, certes d’une autre manière,  lorsqu’elle pourchasse les Grecs pour venger prétendument l’assassinat de Pyr :  elle invoque une fin légitime qui n’est que le moyen d’une autre fin qui ne peut être qu’illégitime aux yeux des agents de cette prétendue vengeance : on comprend bien que ce sont les Troyens naguère mis à mort par tous les Grecs (Epiriens compris) que les soldats du défunt Pyrrhus vengeront – et cette manipulation  morale, qui exploite la fidélité (autre passion…) des soldats pour leur souverain assassiné   est bien le fruit de la « vertu criminelle » d’Andr, càd de sa loyauté absolue à l’égard d’Hector et donc de Troie.

 

                                  

 

 

[1] C’aurait été l’accomplissement de la promesse de malheur que Pyr voyait ds ce mariage (voir supra), promesse qui va trouver une autre réalisation avec  la mort de Pyrrhus lui-même (c’est le énième exemple d’ironie tragique).

[2] Noter ce glissement significatif : le suicide d’Andromaque a été programmé en IV, 1 ; l’héroïne en est dispensée (selon la logique qu’elle a elle-même exposée : ce  suicide était destiné à interdire la consommation du mariage ; puisque la mort de Pyr rend cette consommation impossible, Andr n’a plus besoin de mourir pour préserver sa loyauté à l’égard d’Hector), mais le dénouement comprend tout de même un suicide : celui d’Hermione. Comme souvent dans la pièce, quand Racine semble ouvrir une issue ou offrir à ses personnages / au spectateur quelque chose comme une consolation ou un espoir, le processus est interrompu et l’on met cap au pire. Il s’agit là d’une variété de l’ironie tragique. Au sens étroit du terme, on parle d’ironie tragique à propos de situations dans lesquelles la décision qu’a prise le héros pour échapper à sa situation  ou à un péril le conduit  en fait à  s’enfermer plus sûrement dans cette situation ou à affronter des périls plus grands. Voir en I,1 le récit d’Oreste : alors qu’il se rendait à  l’assemblée des Grecs en pensant qu’elle débattait d’un conflit à venir qui lui permettrait d’oublier Hermione, il découvre que c’est du mariage de celle-ci avec Pyr qu’il s’agit, et il obtient le statut d’ambassadeur en Epire. Dans le cas du « glissement »  du suicide d’Andr à celui d’Hermione, l’ironie réside en ce que le spectateur espère un instant que la machine infernale des passions a été enrayée par les circonstances, et qu’en fait la pièce lui administre la preuve que cette machine tourne au contraire à plein régime avec un suicide nécrophile qui à son tour déclenchera la folie d’O, càd la perte d’une dimension de son humanité. Au demeurant, ce suicide lui aussi était programmé : Her à O, IV,3, 1247-48 : « Et tout ingrat qu’il est,  il me sera plus doux / De mourir avec lui que de vivre avec vous ».

[3] C’est l’un des nombreux exemples de sadisme dans la pièce : cf.  Andr évoquant complaisamment devant Pyr la réincarnation d’Hect en Ast, et Racine chargeant ce même Pyr de rapporter les paroles en question (II,5, 652 et sq) ; cf. Andr chargeant Céphise d’informer Pyr qu’elle accepte de l’épouser par amour pour Ast (III, 8, 1039) ; cf. O. envisageant d’épouser Herm pour qu’elle souffre autant que lui (III, 1, 760 et sq) ; cf. Herm tenant à ce qu’on informe Pyr qu’on le sacrifie non pas à la cause grecque qu’il a trahie, mais à la vengeance d’Her, ce qui   fait que cette mort serait dépourvue de la grandeur tragique des affaires politiques (IV,4, 1267 et sq) ; cf.  Pyr obligeant O à aller annoncer à Her qu’il va l’épouser, et à la lui donner symboliquement pendant la cérémonie rituelle ( je paraphrase les propos de Pyr en II,4, 618 et sq ). Ajoutons  que ce sadisme peut même dégénérer en une pulsion dont l’objet est indéterminé : Herm, qui en V,1, 1424, rappelle le « plaisir » qu’elle avait à se faire « redire les exploits » de Pyr, a depuis envisagé par l’imagination un plaisir plus terrible (IV,4, 1261-62) : « Quel plaisir de venger moi-même mon injure / De retirer mon bras teint du sang du parjure », et à défaut, dit-elle (V,2, 1490), « Tout me sera Pyrrhus, fût-ce Oreste lui-même » - perspective particulièrement cruelle (et sadique), puisque Oreste, qui l’aime, et qui va accomplir pour elle une transgression majeure, paierait alors pour quelqu’un à qui elle reproche de ne pas l’aimer.

On observe donc que dans Andromaque, la passion rend méchant (elle exalte aussi la capacité des individus à manipuler leurs semblables), car la souffrance de l’autre devient une compensation (une vengeance) de celle qu’on éprouve soi-même, et ce n’est pas là son moindre défaut… Pour suivre les méandres de l’amour et de la souffrance,  de la conversion fatale de l’amour en haine et du déchaînement du sadisme, il serait intéressant de commenter les nombreuses occurrences du mot « plaisir » dans la pièce.

[4] Insistons au passage sur le fait que l’intrication des passions individuelles et des passions collectives est particulièrement marquante dans Andromaque.

[5] Qui est parfois redoublée ou hyperbolisée par la division intérieure / la schizophrénie : voir Herm ds son monologue de V,1, 1403-6 et 1410-1412.

[6] Le sacrilège de Pyr, c’est le chantage auquel il soumet Andr , càd le moyen auquel il rceourt ; le sacrilège d’Andr, c’est la soumission à la fin poursuivie par Pyr, ce mariage en lequel elle ne peut voir que la trahison, à laquelle elle est contrainte, de ce mélange de  loyauté absolue et d’amour qui caractérise sa passion pour Hector mort.

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