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13/06/2014

L'entretien inversé

                        L’ENTRETIEN INVERSE

C’est l’Ecole de commerce de Grenoble qui a inventé cette épreuve et qui en avait l’exclusivité, mais une étudiante de MP y a été soumise l’année dernière à l’ISEP. Comme il faut tout prévoir, vous trouverez ci-dessous quelques conseils élémentaires.

            Rappelons tout d’abord, de manière très synthétique, l’état d’esprit qui préside à l’épreuve de l’entretien (j’en emprunte la formulation au site de l’ISEP) :

 L'entretien a lieu sous forme d'un échange libre avec les membres d’un jury sur des sujets variés permettant de faire la connaissance du candidat, d'apprécier sa curiosité, sa culture générale et scientifique, sa capacité d'écoute et de dialogue, ses goûts et ses expériences dans différents domaines, la nature de son projet professionnel et la conscience qu'il peut avoir de ses aptitudes particulières pour le réussir.

L’entretien inversé n’autorise pas le  candidat à  manifester « directement » sa culture, sa vision du monde, etc., mais tout cela n’en est pas moins susceptible de transparaître dans les questions qu’il pose. Quant à sa « capacité d’écoute et de dialogue », l’exercice permet bien de les mesurer. Prenons un exemple. Si vous interrogez un ingénieur spécialiste de la prospection minière qui a longuement séjourné en Afghanistan dans les années 2000, il ne serait pas bienvenu de lui demander d’un air inquiet si l’on trouve des boites de nuits à Kaboul et si le whisky y est de bonne qualité ; mieux vaut lui demander quelles sont les contraintes que subit un ingénieur chargé d’une prospection dans un pays en état de guerre – car vous savez (et vous montrez ainsi que vous savez) qu’une guerre multiforme régnait dans ce pays à l’époque. Il serait également mal venu de limiter l’entretien à cette composante de l’existence et de l’expérience de votre interlocuteur : il faudra montrer que vous avez à cœur de lui offrir la possibilité de montrer la diversité de l’une et de l’autre, et il faudra le faire en évitant de donner une impression de décousu. L’entretien obéira donc alternativement à deux logiques de progression : soit vous exploiterez les réponses de votre interlocuteur pour infléchir la conversation, soit, ayant épuisé tel versant de celle-ci, vous passerez à autre chose au nom de l’exigence de « faire le tour » des sujets qu’il est opportun d’aborder. Revenons à notre exemple ; la première logique vous conduira à demander à votre interlocuteur, lorsqu’il aura répondu à la question évoquée ci-dessus, quelle technique de prospection il mettait en œuvre ; la seconde vous conduira, après quelques autres questions sur l’expérience afghane,  à  faire bifurquer l’entretien vers le domaine des loisirs (« Votre métier suffit-il à remplir votre existence ? », ou bien « Avez-vous un loisir de prédilection, un hobby, un violon d’Ingres ? ») ou celui de la prospective (« vos connaissances scientifiques vous conduisent-elles à envisager l’avenir de l’humanité avec optimisme ? ».   

            Cet exercice est a priori déconcertant pour le gentil candidat, puisqu’on lui demande d’adopter une posture à laquelle il n’est pas habitué et de « passer de l’autre côté ». Ce jeu de permutation permet d’évaluer le degré de souplesse intellectuelle qui est le sien, mais aussi son tact : le membre du jury interrogé (selon les cas, il peut vous être imposé ou on peut vous laisser le choisir ; il ne sera donc pas nécessairement ingénieur …) peut manifester son absence d’intérêt pour tel domaine à propos duquel vous l’avez interrogé, et dans ce cas-là (comme dans n’importe quelle conversation) il ne faut pas insister : trouvez autre chose.  Pour éviter la panne, réfléchissez à quelques sujets qui peuvent faire l’objet d’une phase du dialogue ; ils seront forcément un peu « préfabriqués », mais vous vous arrangerez pour les amener avec naturel. Voici quelques exemples : les grands renouvellements technico-scientifiques à l’horizon, les pesanteurs du métier d’ingénieur, le mariage de l’écologie et de la technologie (si votre interlocuteur est un scientifique), les lieux de tensions géopolitiques, la crise de l’eau qui guette l’humanité, les ratés du système éducatif  dans la correction des inégalités, les enjeux de la querelle du mariage pour tous (si votre interlocuteur est un littéraire) -  etc.  

            On peut demander au candidat d’improviser une petite synthèse destinée à dégager les apports de l’échange.  Là encore, c’est l’exercice de votre conscience critique et réflexive qui intéresse le jury, votre capacité à élaborer un point de vue. Vous pouvez faire au plus simple : mettre d’un côté ce qui a « bien marché », de l’autre les phases moins productives de l’entretien. Vous pouvez aussi aborder les choses de manière plus subjective, en soulignant ce qui vous a particulièrement intéressé, mais dans ce cas-là ne vous contentez pas de dire  « ça m’a plu » : dites pourquoi, et bien sûr rendez hommage à votre interlocuteur en vantant l’intérêt de ses propos, de son expérience, sa capacité à montrer les enjeux des questions que vous lui avez posées, etc.

 

            Un dernier conseil : la durée des oraux est très variable selon les écoles. Informez-vous précisément, et adaptez votre stratégie au temps dont vous disposez : si vous disposez de 10 mn, vous ne pourrez pas autant vous attarder sur telle phase du dialogue que vous le feriez si l’entretien durait 20 mn. 

 

 

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