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16/11/2013

Pourquoi Cromwell en 1826 ? (Conférence de Gabrielle Chamarat)

[On trouvera ci-dessous la substance de la conférence prononcée par Gabrielle Chamarat devant les khâgneux du Lycée Champollion de Grenoble le 14 novembre 2013. Merci à l’auteure, spécialiste bien connue de Nerval et de Hugo, de m’avoir autorisé à la mettre en ligne sur ce blog. G.B. ]

 

Pourquoi Cromwell en 1826 ?

                        Conférence de Gabrielle Chamarat

 

 

 

Plan de la conférence

 

Question posée : Pourquoi Cromwell en 1826 ?

I/ Le principe du rapport entre événement représenté et situation politico-historique contemporaine

II/ Ss Empire et ss Restauration en France : réflexion sr sens de la Révolution centrale : idée penser Histoire co en mouvt, accueillant possibles changements fondamentaux

            1/ Temps historique non immuable >> quelle souveraineté après Révolution française ?

2/ Rapport Cromwell et Napoléon

3/ Retour à monarchie ancien régime av Charles X : partis

4/ corruption sociétét

III/  Esthétique renouvelée : idée que situation historique de l’époque doit être représentée aussi complètement que possible : complétude

            1/ Mouvts sociaux et idéologiques // individué déterminés par temps historiques et politiques où vivent et agissent

personnages, décor, objets, langage

            2/ Ensemble dramaturgique qui doit bcp à connaissance que prennent Français

-         Shakespeare

-         Scott >> théâtre historique

IV/ Complétude ds représentation passe par présence simultanée grotesque et sublime

1/ Double face du monde : non antithétique mais dialectique

2/ Fous = grotesques par définition , mais détenteurs vérité

 

 

INTRODUCTION

Question posée : pourquoi Cromwell en 1826 ?  ( pas le seul : drame de Balzac, non publié 1820 : entrée sr scène littéraire. Chez W.Scott, Dumas…)

1/ dans Préface : cas qui intéresse Hugo contrairt à vision héroïco-politique traditionnelle de Cromwell :

- homme et sa complexité : homo et vir

-  moment de sa vie qu’il choisit : non assassinant du roi…, mais fin : veut être roi

- le pourquoi de l’échec : conjurations, vaincues, mais inquiétantes ? ; mécontentement du peuple ? énigme psychologique et morale ?

2/ N’aborde pas directement ds Préface actualité de son propos : précisément rapport entre événement représenté et situation historico-politique contemporaine. Préface centrée sur modernité du drame à travers l’histoire de la littérature depuis origines.

>> C’est ce rapport dont je vais parler.

I / Le principe essentiel du rapport entre événement représenté et situation politico-historique contemporaine.

Historique :

1/-  vrai déjà du théâtre classique Ex : Cinna, honneur au roi absolu + clément : allusion aux guerres de la Fronde où roi, Louis XIII et Richelieu, doit soumettre nobles récalcitrants. Nécessité de mettre fin à la violence.

-  et + évidemment Shakespeare : drames historiques se situent pendant la guerre des 2 roses : XVe siècle : Lutte entre dynasties (Lancaster et York) qui se disputent le trône d’Angleterre. Réflexion sr souveraineté qd monarque héréditaire est indigne : incapable ou cruel. Opposition av la grandeur et la prospérité du règne d’ Elizabeth Ière à époque contemporaine.

2/-  XVIIIe Voltaire : théâtre historique : même jeu prétexte événement passé pr parler événement présent : Mahomet : intolérance islam vise intolérance Eglise catholique. Id Zaïre : Zaïre chrétienne aimée du sultan Orosmane qui qd il découvre sa religion la tue : Pièce sr l’intolérance religieuse qui vise catholiques….ETC

3/  -  Théorie + précisément développée par Sébastien Mercier, fin XVIIIe. Puis Staël et son entourage, puis B.Constant   Cf F.Naugrette (Le drame romantique, complète celui de Anne Ubersfeld)

-         + , non au théâtre mais mise au jour idée fondamentale  (Ubersfeld) par Chateaubriand : Essai sr les révolutions : révolutions du passé permettent de comprendre Révolution française.

 

 

II / sous Empire et ss Restauration en France >> réflexion sr sens de la Révolution centrale, av + fondamentalement, idée penser l’Histoire, comme en mouvement, accueillant possibles changements fondamentaux.

Cf :  + largement recentrement sur problématique historique de la littérature du XIXe : historiens ; Michelet, Quinet, Tocqueville…drame, théâtre, romans : Hugo, Balzac, Stendhal, Dumas… ; poésie Cf  Orientales : fin = Napoléon…

 1/ Révolution a montré que temps y compris historique non immuable. Passage de l’idée que monarchie semblait être régime définitivt inamovible. >> Histoire existe…y compris chgt radical de souveraineté.

>>> Pb central que pose Hugo ds la pièce : quelle souveraineté  après révolution et régicide ? République ? Dictature ? ou retour à royauté ? : toute la question de la révolution anglaise et ses suites

 2/  Rapport évident entre Cromwell et Napoléon. Y compris ds évolution de Empire vers pouvoir autoritaire et singerie de la monarchie Cf : noblesse d’Empire, hérédité….Mais a montré ses limites en Angleterre comme en France (retour monarchie en Angleterre, 1861 et en France 1815)

3/  1826 ://t retour à monarchie d’Ancien régime  qui s’aggrave ss Restauration av avènement de Charles X : montre ses limites et avenir incertain. Vers quoi ? soit monarchie avec 3 positions 1/doctrinaires   (doctrinaires : chambres élues au système censitaire en accord étroit avec royauté ; 2/ libéraux monarchistes mais av pouvoir au Parlement, respect liberté et égalité;  3/ + radical : abolition monarchie et république….

( Retour sur différence entre libéraux et doctrinaires : >>> Différence surtt politiqt et constitutionnellt. Libéraux pr monarchie constitutionnelle « pouvoir neutre » de B.Constant, souveraineté de la raison assurée par Constitution et chambre, forces de contrôle de la monarchie, tandis que doctrinaires (Guizot, parti qui l’emporte ss monarchie de Juillet) fondamentalement souverainistes, monarchie + chambres en étroite entente av monarchie. Doctrinaires construisent leur système sr Histoire et non sr philosophie : gestion d’une société qui veut sortir de la période révolutionnaire. D’où conception de la démocratie envisagée seult ss aspect social de menace de désordre =/= Approche démocratie et liberté des libéraux, (Droits de l’homme, liberté, égalité avec individualisme que cela suppose), absente de la pensée doctrinaire. Rapport lointain  avec cavaliers / doctrinaires, royalistes =/= puritains/ libéraux ou  républicains qui accepte protectorat.)

4/ corruption société

Mis à part divisions dt on vient de parler, après Révolution (suprématie politique de la noblesse) et à partir de l’Empire, montée économie libérale qui instaurent nouvelles inégalités, dt profite bourgeoisie et qui vont se développer au long XIXe. Monarchie de Juillet ne fait que les encourager : « monarchie bourgeoise ou libérale ». La référence la + claire est La Comédie humaine de Balzac : retour sr période de la Restauration (Goriot, Illusions perdues etc) pour montrer que la montée du pouvoir de l’argent prend racine ss Restauration. Explique retour allusions à importance de l’enrichissement personnel ( fous) qui se mêle aux ambitions ( ou aux « idéaux politiques »). Meilleure représentation : personnage de Barebone, puritain, qui trahit pour sauver sa boutique. Rapport possible avec part pris par protestants dans encouragement liberté d’entreprendre et montée du capitalisme ( Cf  le sociologue Max Weber : L’Éthique protestante et l’esprit du capitalime, 1904-1905.)

 

III / Préface : complétude de la représentation : Idée que représentation de la situation socio-historique de l’époque représentée doit être aussi complète que possible.

1/ mouvements sociaux et idéologiques (ici Cavaliers et puritains) et + largement individus, déterminés par temps historiques et politiques où vivent et agissent (grande idée de W.Scott).

Retour ds Préface idée complétude de la représentation. D’autt + sensible que ds cas de Cromwell, Hugo est pris au piège justement de ce désir de totalité ds la représentation des oppositions. >>>  l’a entrainé à augmenter dimension de la pièce au-delà du jouable ( garde idée que contractera pièce pour que jouée, mais dit déjà que pas possible)

 // ch personnage doit avoir sa « personnalité » bien affirmée en rapport av ce qu’il représente à intérieur du courant politique auquel il appartient >> ttes les nuances , par ex puritains : Lambert, le lâche intéressé, Carr le dogmatique absolu, Milton, le génie… >> à la fois, caractère individuel et insertion de ce caractère ds situation. Id côté cavaliers.

Cf Ubersfeld : détails socio-psychologiques qui mènent à échec des 2 conspirations (Exs : puritains : Carr trahit par dogmatisme, Lambert, par lâcheté, Barebone par désir de richesse, Milton ne trahit pas : voix de la raison mais qui prépare Cromwell à décision finale…). Évidemment Cromwell est complexité même.

Complétude : // Décor est acteur (actant !) : ch détail est signifiant et participe de la reconstitution historique : fameuse fenêtre de la salle des banquets à White-Hall, Acte II « On voit la croisée par laquelle sortit Charles Ier pr aller à l’échafaud »…

Costume aussi : opposition entre Cavaliers et Puritains.

- Objets : parchemin du quatrain de Rochester qui fait sa perte. Cf Beaumarchais ( Mariage : ruban de la comtesse volé par Chérubin, brevet d’officier ,lettres).

 -  Langage : cf langage biblique des puritains >> effet comique, précieux de Rochester (// cour du roi de France)

Complétude : 2/ Ensemble dramaturgique qui doit bcp à la connaissance que prennent les Français de :

-         l’œuvre de Shakespeare : voir histoire des représentations de Shakespeare par acteurs anglais en 1822 : chahutés par libéraux bonapartistes (contre Anglais vainqueurs qui envoient Napoléon à Ste Hélène), puis retour en 1828 av accueil triomphal. Modèle pour tous Cf Racine et Shakespeare  de Stendhal, 1822, 1825.

-          + chez Hugo, référence essentielle et constante jusqu’à la fin de sa vie Cf : grand texte  William Shakespeare parue en 1864 : long et riche art poétique de l’œuvre hugolienne, avec développement sur le génie de l’artiste ébauché ds Préface  développé en 1864.

-         l’œuvre de W.Scott. Ds romans, mais passe au théâtre ds « Scènes historiques » Cf long dévt de Naugrette. = théâtre écrit, non fait pour être joué >> longueur, détails, didactisme.

Contemporains de Cromwell  : les + connus : Vitet , donne son nom à ce type de pièce délibérément faites pr être lues et non jouées. Trilogie sr l’histoire de la Ligue. Mérimé pq fournit la meilleure av La Jacquerie, histoire d’une révolte de paysans au XVIe s.

On peut y ajouter Cromwell et Lorenzaccio, même si non désignées par ce nom, influence évidente du théâtre historique. Dans le principe : toujours histoire de révolte contre autorité politique. Dans exactitude historique, précision… Idée est bien de ressusciter (Michelet) période du passé en correspondance idéologique av situation présente pr faire réfléchir à cette dernière.

Préface n’en fait pas état pq a pr ambition de mettre en avant resserrement du drame qui lui sera jouable, explique en partie longue défense de Cromwell et des raisons de sa longueur à la fin. Le « drame romantique », lui recentrera l’action, tt en gardant les mêmes principes.

 

 

IV / Complétude de la représentation passe par présence simultanée du grotesque et du sublime. (Le grotesque, pour le coup essentiel ds ensemble de la Préface)

1/ Point essentiel comme on sait, aussi pq s’inscrit dans suite des enjeux historiques. Double face du monde : non antithèse mais travail dialectique entre les 2 notions de sublime et de grotesque.

 ( Rôle essentiel d’Edmund Burke : Recherche philosophique sur nos idées de sublime et de beau, 1757, connu de Diderot, Kant. : le beau = le beau classique ss signe équilibre à ts les niveaux, pt vue de l’art et pt de vue du récepteur : proportions, couleurs etc… Sublime est tt ce qui ds le beau dépasse et fait basculer cet équilibre ds effroi, infini… Correspondance religieuse : Satan et la grandeur du conflit entre Satan et Dieu, le bien et le mal, le beau et l’effrayant : modèle Le Paradis perdu  de Milton.)

  Intérêt : apparemment contradictoire av le sublime hugolien, mais non, pas au sens où - - il faut penser les termes non comme antithèse simple (sublime =/= grotesque) mais sublime pris co débordement du beau instaure dualité qu’on retrouve chez Hugo et d’une certaine façon fait mieux comprendre dialectique grotesque et sublime inséparables :

EX : Quasimodo est grotesque par le corps (bascule du beau ds le laid, le difforme, me ridicule, l’effrayant), mais sublime par l’âme (amour qui dépasse raison) >>  dépassement ds les 2 cas. + laid que laid, + beau que beau// Milton est sublime ds son discours à Cromwell, mais grotesque ds ses interventions, pour les autres qui ne comprennent pas son génie >> fait rire)

2/  D’une certaine façon, fous = grotesques comme par définition (costume, langage, fonction…), mais détenteurs vérité Cf : Shakespeare Le Roi Lear : « C’est un malheur du temps que les fous guident les aveugles »

-         Ici, au 1er degré : fous dénoncent inconséquence de Cromwell,

-          et au 2d : dérisoire de l’homme du surhomme que révèlent, mais sr lequel n’agissent pas >> n’interviennent pas, savent, parlent, mais n’agissent pas. Complexité, dialectique qui va jusqu’à échange de rôle : eux qui st sages, Cromwell qui est fou.

Sont directement en rapport avec la représentation de l’Histoire pq représentation comme on l’a vu ne peut être juste que si non linéaire, considérée dans sa totalité :

-  Ce qui fait avancer l’Histoire passe par cette dualité >> omniprésence ds Cromwell, + que ne sera ds le drame. Très sensible ds personnage de Cromwell : homme politique de génie, mais failles qui l’empêchent d’accéder à grandeur que souhaite : faiblesse familiale, superstition, cruauté ( sauf à la fin : se relève en pardonnant, mais là encore ambiguïté)… Cf Napoléon et son excès d’ambition personnelle = historique ;  Hitler vu par Chaplin ds Le Dictateur : passage à œuvre d’art et sa liberté : grotesque = retournement de la peur ds le rire, par désarticulation  ridicule, d’une certaine façon ce que font les fous lorsqu’observent politiques : découvrent leur envers.

Pratiquement aucun personnage n’échappe à cette loi de la dualité, même Milton, Histoire avance ou n’avance pas en raison de cette dualité dialectique : grandeur partout mais failles, partout : chez héros comme chez conjurés dt faiblesses responsables de l’échec.

>>> Recentrement sur les fous : 1/ exemple interne de la dualité que sont grotesque / sérieux, 2/ + voient la dualité des autres, en particulier le grotesque ss les apparences de sérieux >> sorte de synthèse du phénomène et de son rapport à écriture de l’histoire.

 

LES FOUS

 

 

Répartition de leurs apparitions ds la pièce :

III, 1

IV,  assistent cachés à acte >> IV, 9 : spectacle où passifs

V, 7

V, 10 spectacle où action : 2 publics : fous, puritains, Milton, peuple 

 

III, 1 + nom de l’acte : « Les Fous »

Apparition relativt tardive co si le grotesque dans son expression directe ( interventions constantes mais indirectes au travers personnages « officiels ») ne devait passer au premier plan qu’après la mise en place des événements et des personnages historiques, dramatisés, sous un jour objectif, même si ironie latente.

>> effet d’autant plus fort que retardé // retournement, mise au jour du grotesque ss sa forme la + radicale. 1ère approche : explosion du comique.

 Mais comique dont la signification englobe l’ensemble de celle du drame pr atteindre la mise à distance  de l’événement par auteur – dramaturge :

-         de son sens historique, en situation dans le drame lui-même : le projet de Cromwell et les conjurations,

-         de sa dimension + largement dramatique et philosophique (humaine et politique). >> lecture de l’histoire qui s’appuie sur chroniques, mais qui corrige son aspect linéaire .

-         >>  Sublime et grotesque : rapport au drame comme « miroir de concentration » et «  point d’optique ». Rupture avec vision rationnelle et plate des événements et des êtres, contrastes internes des personnages et des intrigues ( Cf : trahisons par ex) : ce sur quoi Hugo choisit de faire reposer le drame, point de vue, mais qui précise le sens donné par lui aux faits historiques.

-          En l’occurrence point de vue double : envers et endroit = vrai // miroir de concentration : choix des éléments historiques, restreints, mais antinomiques. Bien comprendre qu’unité et concentration vont de pair avec contraste.

Présence ds la pièce et lieux d’apparition :

- Chambre peinte de White – Hall  ( II et III) : lieu central, ds présent en raison du passé : lieu ou régicide a été décidé// lieu où se déploie pouvoir de Cromwell : vir et sa faiblesse : homo : rencontre av sa femme et ses filles, lieu où révélations de la conjuration par diffts traîtres, lieu où Cromwell organise subterfuge pour substituer Rochester à lui même pour que les cavaliers l’assassinent….

- >> IV : La poterne du parc de White Hall : assistent cachés à l’acte entier : subterfuge de Cromwell = sentinelle >> Cavaliers dt trahison a été découverte arrêtés. Échec 1ère conjuration : Cavaliers

-     Grande salle de Westminster où s’installent à la tribune : échec 2è conjuration : Puritains

>> Non les seuls représentants du grotesque ds la pièce, loin de là : personnages caricaturaux comme la duègne, comiques co Rochester (certaine sympathie pour lui, poète comme lui) ou co puritains : noms, langage, lâcheté évidente de certains ( aussi chez Cavaliers…), Carr caricatural, Manassé…, Cf Préface : grandeur et faiblesse, et ridicule… Mais Fous au centre du drame, en embrasse la totalité avec spécificité : grotesques en eux-mêmes ( fous de cour dont métier est de faire rire) mais détecteurs du grotesque de ts les autres.

 

I / Rapport au peuple

-    Regard : partout, position d’observation critique mais impuissante.

-         chanson …  rejoint langage du peuple : vrai ds tte l’œuvre de Hugo ( recueils poétiques, parsemés de « Chanson » qui rappelle rapport peuple et poésie).  S’annoncent d’abord par chansons : III, 3 ; IV, 9 : entendu par Cromwell,  avt que se cachent pr assister à l’acte. Rapport au peuple aussi par forme de langage : langage simple, sonore ( rimes), abondant en jeu de mots comiques, syntaxe libre, rythme = pulsation de la vie… =/= puritains !

-          Dédaignés co le peuple par les grands, quantité négligeable, pendus si se rebellent.

-         Mais philosophie de la non intervention, pq impuissants co le peuple, mais chez eux pas seulement : dimension philosophique, spectateurs de la folie du monde, tt ce qu’ont à faire est de la discerner de l’exprimer, payés pour ça,

-         + mais aussi forme de jouissance ( « Quant à moi, je jouis au milieu du désordre. » : Giraff p. 255). Revendiquée partout ( retour : « fous par principes »).  P. 258-259. Mais + plaisir à la vengeance contre dominants dont sanctionnent ridicule.

>>>  d’où inattendu posssté d’action, en V.

II / Rapport au théâtre :

     1/  théâtre ds le théâtre, monde co spectacle, distance / réalité >> rapport av ironie et vision critique du monde Important du pt de vue dramatique :

                                   - 1/ théâtre = illusion : fous voient illusion et la dénoncent                             - 2 /  Sont compris ds illusion qu’est le  drame : illusion qu’est la représentation ( Stendhal), mais c’est cet illusoire qui porte la signification  Cf point d’optique, >> réalité revue par imaginaire de l’auteur qui donne sens à l’action et  qui est inséparable de la philosophie qui se dégage du drame

 >> dimension didactique du théâtre qui explique en partie pourquoi considéré à l’époque co genre premier, 1ère façon, la meilleure, de faire entendre sa voix en particulier ds le cadre de la réflexion historico-politique. 

   2/ >> distance théâtrale par rapport au monde permet lucidité :  tous les personnages sont démasqués par fous avec en 1er Cromwell.

- Cf III, 1 observer chansons : en ouverture :  Elespuru : monde ds lequel vit = voyage en Enfer p. 249 >> + loin « Vous à qui l’enfer en masse : Fait chaque nuit la grimace… » p. 253 : identification de Cromwell à  Satan- Nick et Noll-Cromwell : « Et Belzébuth dans son vol / va du vieux Nick au vieux Noll… »p. 254. Repris ds le dialogue : Giraff :« Oui. Cromwell se fait roi. Satan veut être Dieu ».254

- Mais dualité de Cromwell, homo et vir, est aussi chez les autres>> fait du « siècle » // histoire ( trahison généralisée sur fond d’ambition personnelle) et société vont de pair : apparences en contradiction avec réalité, contradiction mise en avant par Fous.

- III,1 : Après chanson de Gramadoch , reprise du même p.250 : tromperie, traîtrise, ss forme adultère symboliquement envahissant.

-  chanson de Trick accusant le « siècle » entier comme « bizarre », càd placé ss signe de l’inversion : p. 252-253 : « Siècle bizarre/ Job et Lazarre/ D’or sont cousus / Lacédémone (Sparte, austère et frugale)/ Y fait l’aumône / Au roi Crésus…. »

- Voir fin : inversion des valeurs qui réduit à vulgarité grands de ce monde : « De mal en pire / va notre empire… Nos grands Césars / Sont des lézards…Nos fiers Brutus (multiples allusions en V)/ Sont des Plutus Etc… »( Plutus, dieu infernal : dieu des richesses  CF corruption des conjurés des 2 côtés)

- Tous thèmes qui seront repris en V : traîtrise diabolique des 2 côtés : Cromwell et puritains trahis par Barebone, corruption, mensonge et théâtre partout :

            >> // en V, 10 évident que creux du pouvoir exhibé par la mise en scène ridicule du Champion CF entrée p. 435 : « armé de ttes pièces, à cheval, et flanqué de quatre hallebardiers qui portent devant lui une bannière aux armes du Protecteur », puis mise en scène : grandiloquence du discours, ridicule du jeté de gant…. Mais simulacre de pouvoir qui fait peur : Gramadoch redoute que puritains prennent ce théâtre au sérieux et déchaîne leur colère, ce qui ferait échouer leur projet d’assassinat « «Il faut les empêcher de tout perdre » p. 437 >> son intervention bouffonne).

3/ Problème essentiel de leur relation à Milton

-  Croient que Milton, bouffon comme eux, pq tt le monde se moque de lui « Cf : « Voici maître Milton nous sommes au complet »

en V, 10, Milton avertit Cromwell , Elespuru l’avait chant é en V,7 ( « Prends garde Olivier mon maître : Tout traître enfin trouve un traître… ») ; courage de Milton à la fin devt le Champion. >> fous et homme de génie se rejoignent. Cf Champion : Nul n’ayant contesté, peuple, ce que j’ai dit, -/ Qu’un aveugle et qu’un fou, - devant toute la terre, / Je proclame Olivier Cromwell roi d’Angleterre »p. 440

Mais ne comprennent pas que lucidité + univoque que la leur, car faux bouffon : incompris au 1er degré, considéré comme bouffon par limites intelligence des autres face au génie, comme hors théâtre : aveugle, non dans le monde des courtisans, lucidité purement intérieure intellectuelle et morale.

 

4/ Mais théâtre des Fous à l’acte V qui peut passer à l’action :

Résumé : Gramadoch ramasse le gant lancé par Champion d’Angleterre, relève le défi. Gramadoch appelle spectateurs :

-         Milton qui seul a osé parler, autres fous (qui éclatent de rire), puritains qui pourraient oublier leur plan par exaspération devt arrogance du Champion et qui  croient que «scène » de Gramadoch préparée à dessein pour amuser le peuple

-          peuple, toujours présenté comme silencieux, spectateur de la comédie des grands qui décident de son sort : lucidité de Milton :

Cf : p. 428 : « Milton (à son page) Qui vient là ? / Le page – Des gens du peuple / Milton ( amèrement) Ah oui !/ Le peuple !, -Toujours simple et toujours ébloui,/ Il vient , sur une scène à ses dépens ornée, / Voir d’autres que lui jouer sa destinée ».

=/= Ici : évolution après numéro de Gramadoch, Bien voir opposition

-         entre V, 7, p. 424 «  Trick : - Tout menace. / Elespuru : - Et le peuple ? / Trick :- Il regarde…. »

-          et dialogue Syndercomb – Overton, V, 10, après numéro de Gramadoch ayant relevé le gant du champion d’Angletrerre p. 440  : Overton : (de même (bas) en lui montrant le peuple consterné « Il menace : il se tait » Annoncé par cris de mécontentement ds la foule depuis le début, mais qui restent cris et non menaces =/= silence qui est menace. Participe à l’évidence à renoncement immédiat de Cromwell.

 

III / Rapport av Histoire co totalité ou nécessité du grotesque au drame :

D’autant + sensible que tout semble fait pr situer fous co « hors de l’Histoire », ne participant pas à son mouvement : Cf leurs propres déclarations.

>>> leur fonction est interne à l’écriture du drame, est la dynamique interne à la représentation et à sa signification : ponctuation nécessaire du paradoxe (contraire à raison) sr lequel repose la pièce : un régicide, républicain qui veut se faire roi ! Voir + loin. Paradoxe = physique ou morale, trahison inséparables contexte général de trahison, corruption, déviance de la ligne ( représentée par le discours de Milton). Fous = paradoxe incarné  par parole qui accompagne événements.

1/ Envers du monde social :

-         Fonction comique démystificatrice. Rapport au carnaval ( Bakthine) : peuple ( et fous sont sa voix) renverse situation de pouvoir pdt le carnaval où prend place des dominants. Montre l’inversion et donc dérisoire de ce pouvoir. Carnaval montre, mais n’agit pas.

-         En littérature et au théâtre, différent : objet est moins de faire agir que de faire penser  (>>> censure pdt presque tt le siècle) Cf Sartre : montrer, c’est changer.

Fous disent dualité de l’homme en général longuement détaillée ds la Préface. Dualité qui creuse la problématique des personnages + compliqués qu’ils ne paraissent, « vrais » : la plupart sont doubles, cavaliers co puritains, dualité + ou moins dangereuse qui va du ridicule ( Rochester) à trahison (Barebone).

>> Dualité par retournement systématique du sublime en grotesque // régicide (au nom liberté et république : Milton = sublime) = qui veut se faire roi ( grotesque)

2/  Envers de l’Histoire vue co linéaire, au contraire,  épaisseur sociale et humaine des personnages qui font cette histoire:

- Cf + haut : Pose objectivt question essentielle de la souveraineté et de l’indécision ds la réflexion de l’époque, à travers un personnage exceptionnel incarnant le paradoxe  ce qui renforce  actualité  du problème : quoi après Révolution et régicide ?

- Royauté = fascination, fantasme (imaginaire) du dictateur :

Cf II, 5 fin. Pb du Parlement : votes contre, mais majorité votera pour royauté comme si cette fascination générale était une fatalité. Fantasme qui est collectif, dépasse oppositions politiques, opposition populaire.(phrase interrogative de la fin). Pourtant, bien fantasme. Rêve de royauté chez Cromwell s’avoue comme tel, irrationnel, reposant sr imaginaire et arbitraire du langage. :

« Ces noms, roi, majesté, sont des magiciens !

D’ailleurs sans être roi, du monde être l’arbitre !

La chose sans le mot ! le pouvoir sans le titre !...

Ne serait-ce qu’un mot, ce mot alors est tout . »

= Forme de passion du pouvoir qui se confond avec titre, mot. Image même de la vanité de l’homme et du monde.

>>  Faiblesse qui contredit à grandeur du personnage, qui en fait un grotesque, un ridicule triste. Mais en même temps forme de prémonition de Hugo : 1830 changera de branche (branche cadette issue de Philippe d’Orléans frère de Louis XIV) mais restera monarchique. Hugo lui-même soutient la monarchie jusqu’en 1849. De + République de 1848 sera abolie en 1852, par proclamation de Napoléon III empereur. Exil de Hugo qui devient républicain.

>>>

-         fous = êtres de langage, mais que maîtrisent, en en connaissant les limites >> jeu (=/= différence av Cromwell). Voir leurs noms : signifiants sans signifiés, pas de rapport av famille, titres. Lucidité sr histoire pq hors histoire, poètes, êtres de langage comme Milton dans genre différent, sérieux.

-         Fous jouent av mots pq jeu découvre vérité grotesque sous sublime apparent (il suffit de rapprocher : Nick / Noll, pour que vérité ambition diabolique de Cromwell se découvre) >> du même coup, fous redonnent sens aux mots, découvrent vérité qu’ils détiennent pq que collent à réalité qu’ils observent et qu’ils vivent. Force de la dénonciation grotesque. Échos : insistance sur les noms ds la pièce : titres des nobles : lord, lady, sir, Mylord, titres des envoyés, comte, duc…, Grotesques : Rochester = Obededom, Dame Gugglegoy , puritains: …

-         Au delà de la succession faits qui s’enchaînent : royauté, Révolution, régicide, ambition royauté, échec … épaisseur sociale, complexité de l’histoire :

peuple Cf acte V : « Les ouvriers » restent silencieux, mais menace, forme d’intervention en puissance : voir révolution à venir en Angleterre ( 2e révolution en 1688 ( monarchie constitutionnelle), comme en France, 1789, … puis 1830, 1848, 1871)

-         Histoire faite d’ ambiguïtés : trahisons, hasards (lettre d’amour de Rochester qui dévoile sa trahson) etc…de réalités que cachent les mots (comble = jargon des puritains, mais langage fleuri de Rochester aussi ridicule).

-          Vérité de l’Histoire masquée par les grands mots : dt le + grand, « roi » ! en vérité, déroulement chaotique. Cf chanson de Trick : « Titans pygmées  / et nains géants ! / Voilà mon âge. / Rien ne surnage / Dans ce chaos / Que les fléaux. / De mal en pire  / va notre empire. »