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29/12/2011

Méthodologie de la dissertation de Lettres-Philosophie en Math spé

            VADEMECUM POUR LA DISSERTATION DE MATH SPE (à partir d’une note élaborée par des correcteurs du CCP)

 

Rappel inaugural : tout exercice scolaire est une convention, qui en vaut une autre, et qui vise à repérer chez le candidat certaines qualités (c’est ce qui confère à cet exercice conventionnel sa légitimité). En l’occurrence, le correcteur vérifiera d’abord que vous manipulez correctement le français : vous devez respecter la grammaire, vous exprimer clairement au moyen d’un vocabulaire précis, adapté, et manipuler une syntaxe exempte de confusion – bref, vous devez montrer au correcteur que vous êtes parvenu à échapper à ce syndrome terrible de l’ « approximation consentie » (et inaperçue tant elle est dominante) qui caractérise l’usage du langage aujourd’hui. Il se demandera ensuite si vous avez bien lu, de près, les œuvres au programme, si vous êtes capable, à l’aide d’un cours, de tenir à leur propos des discours sensés, crédibles, voire intéressants. Enfin, il jugera votre capacité à élaborer une démarche intellectuelle cohérente, organisée, destinée à traiter le sujet (c’est cela que l’on nomme, au sens étroit du terme, la « dissertation »). Bonne chance.

Rappelez-vous aussi qu’une méthode n’est pas une recette, et ne dispense surtout pas (Dieu merci !) les candidats de faire usage de leur jugeote. La rhétorique de la dissertation est un moyen, une forme, qui n’est là que pour vous permettre d’élaborer, en vous pliant à des règles conventionnelles, une réflexion digne de ce nom. Le but de cette épreuve n’est pas de recruter des rhéteurs mais de sélectionner de futurs ingénieurs qui seront aussi des citoyens au plein sens du terme, qui donc seront capables de réfléchir, de s’exprimer, et d’organiser leur propos.  

 

 

Ce qui est exigé :

 

1. la présence de la citation dans l’introduction

 

2. une problématisation qui fournit une analyse, une explication des termes du sujet  et de sa cohérence, de manière à en dégager les implicites et les enjeux. Cette problématisation ne se confond pas avec une succession décousue d’interrogatives, et elle ne se ramène pas forcément à une seule question. Rappelons qu’aucun sujet n’est immédiatement « utilisable », qu’il faut absolument procéder à cette analyse pour élaborer la démarche intellectuelle qui sera la vôtre et que vous traduirez dans un plan

 

3. une annonce de plan qu’on souhaite claire même si elle est un peu lourde (« Il faudra donc dans un premier temps se demander si …. ; nous verrons ensuite pourquoi …. Et c’est seulement dans un dernier temps que …. »), plutôt qu’« élégante » mais allusive. Rappelez-vous que l’introduction … introduit : le correcteur, une fois qu’il l’a lue, doit savoir comment vous avez compris le sujet et quelles seront les grandes lignes de votre devoir. N’oubliez pas que, symétriquement, dans votre conclusion, vous reviendrez sur ces grandes étapes et leurs acquis (« Nous nous demandions si … nous avons vu que … que … et que ») avant de formuler une synthèse, qui constituera votre « réponse » (« Nous pouvons donc dire que » / « Aussi sommes-nous maintenant en mesure d’affirmer … », etc.) au sujet

 

4. le traitement du sujet : nous attendons que le candidat dialogue constamment avec le sujet, qu’il s’explique avec la thèse de l’énoncé, qu’il prenne position au regard du problème soulevé. A ce propos, il faut préciser qu’il n’existe pas « une » « vérité » d’un sujet : celui-ci peut toujours être traité de plusieurs manières. En outre, ce qui intéresse le correcteur est moins la « réponse » que donnera le candidat dans la conclusion, que le cheminement intellectuel qui l’y aura conduit et à laquelle correspond le plan qu’il aura adopté. Telle est en effet, la substance du plan : non pas une armature artificielle, purement formelle et scolaire, totalement mécanisée, mais l’élaboration d’une démarche intellectuelle spécifiquement adaptée à un sujet  

On préfèrera donc toujours un traitement partiel, ou un peu maladroit, voire légèrement contestable du sujet, à une stratégie ou une manœuvre visant à le contourner, à le ramener à un développement bien mémorisé mais sans rapport avec le sujet, ou, à l’inverse et de façon complémentaire, à diluer ce sujet dans une question de cours

 

5. une argumentation, une réflexion cohérente, dont la progression doit être claire, sous-tendue par une dynamique intellectuelle, par un ressort dialectique, et qui associe en permanence des analyses et des exemples empruntées aux œuvres. On peut recourir  aussi bien à des analyses approfondies et relativement longues de passages empruntés aux œuvres, en nombre forcément restreint – à condition qu’elles ne se dégradent pas en d’interminables narrations -  que des références courtes, et donc plus fréquentes – à condition qu’elles ne relèvent pas de la simple allusion

 

 

6. une connaissance (de première main), et une exploitation pertinente et judicieuse des œuvres et du cours. Conséquence : pour réussir cette épreuve de dissertation, il faut être rapide, c’est-à-dire avoir une très bonne connaissance des oeuvres et du cours, ce qui vous permet de confronter immédiatement le sujet à ces œuvres (comme une grille de lecture que vous projetteriez sur elles), de voir comment vous allez pouvoir mettre à contribution ces œuvres et le cours. Prenez l’habitude de considérer le cours comme une carrière dans laquelle vous allez puiser des pierres (tel développement général, telle analyse circonstanciée, tel exemple décisif) pour construire votre devoir, et n’oubliez pas qu’on ne peut pas mettre n’importe quelle pierre n’importe où. Adopter ce point de vue vous permettra par ailleurs de développer une écoute plus attentive en cours

7. un « tressage », dans l’ensemble du devoir, des trois œuvres au programme : vous devez montrer en permanence que vous pensez ensemble ces trois œuvres, ce qui peut d’ailleurs (ce n’est pas un paradoxe) vous conduire à mettre en évidence la singularité de l’une d’entre elles : il se peut ainsi, par exemple, que dans une partie vous consacriez une rubrique à l’analyse de tel aspect de telle œuvre, analyse qui fait progresser votre traitement du sujet, mais c’est la logique de votre cheminement qui doit vous conduire à accorder ce privilège (temporaire) à l’une des œuvres , pas la paresse ou la méconnaissance des deux autres œuvres.

 

Ce qui est acceptable :

 

1.l’absence d’ouverture dans la conclusion (mieux vaut ne rien dire plutôt que de lâcher une énormité ou une platitude dans la dernière phrase du devoir).

2. un plan en deux parties. Rappelez-vous toutefois qu’il entre davantage de dialectique dans un plan en trois parties

3. des références extérieures aux trois œuvres du programme, si et seulement si elles sont pertinentes, suggestives, c’est-à-dire si elles ouvrent des perspectives auxquelles le programme ne permettrait pas d’accéder

4. des citations erronées au regard de la lettre, mais fidèles à l’esprit. Une citation inexacte sur la forme, mais judicieuse sur le fond, vaudra toujours mieux qu’une citation littérale et gratuite. 

 

 

 

Ce qui n’est pas acceptable

 

1. la récitation, la régurgitation, le plaquage. Le correcteur sait bien que vous exploitez un cours, mais il doit voir que vous vous l’êtes approprié, c’est-à-dire que vous êtes capable de reprendre une analyse en l’intégrant, de manière parfaitement logique et judicieuse, au moment qui convient, dans votre copie, de manière à faire progresser le raisonnement

2. la  juxtaposition de trois monographies, chacune consacrée à un seul auteur 

3. l’absence de citations

4. à l’inverse, une pléthore, une avalanche, une prolifération de citations, prouvant les jolies facultés mnémoniques des candidats, mais ni leur intelligence, ni même leur bon sens.